- « Vous, vous êtes un intellectuel ! »
Voilà ce que je me suis entendu dire dans les années 80 par un
des grands pontes, un des faiseurs de pluie et de beau temps du milieu
éditorial de la BD à qui je proposais une de mes multiples
« moutures » de mon projet sur Villon.
« Un intellectuel » ?… par rapport à qui ?…
Par rapport à quoi ?…
« Un intellectuel » ?… Comme qui ?
« Un intellectuel » ?… moi qui ait arrêté ce que
je n’ose même pas appeler mes « études » à 17 ans.
« Un intellectuel » ?… moi qui claironne à tout
bout de champ que la première qualité d’une production artistique est de ne pas
ennuyer ceux à qui elle s’adresse.
« Un intellectuel »…
Qu’on ouvre « La Légende Dorée » http://www.dailymotion.com/GLENATBD/video/x6zdpq_clip-legende-doree_fun, qu’on
lise « Monsterland » http://monsterlands.blospot.com et http://monstersongs.fr/ , « Envoyez-les
chier ! » ou « Com’ ci… Com’ ça… » http://comcicom.blogspot.com et qu’on me dise si de ces livres s’exhale
un parfum d’intellectualisme.
J’avais beau être jeune, je compris que ce « directeur de
publication » - il est cané aujourd’hui. Paix aux cendres de son gros
cigare ! -, se considérait lui, comme un vrai intellectuel, un
intellectuel parisien ! Les plus beaux ! Les plus gros ! Les
plus méprisants ! De ceux qui tapaient sur le bide d’Hugo Pratt et
s’attribuaient avec une modestie parfaitement feinte l’enfoncement de quelques
portes ouvertes.
Ce jour-là, j’étais avec Philippe Jallois avec qui nous
présentions un autre projet dans le bureau de ce « grand
professionnel » qui avait eu l’extrême bonté de condescendre à nous
recevoir. On en avait les yeux papillonnant de reconnaissance.
Imaginez un bureau, pas très grand… Un mec d’une cinquantaine
d’années, assez gras, assis dans un
fauteuil tournant, devant lui un énormissime cendrier, quasiment un aquarium.
Le mec nous reçoit en canadienne, le genre « J’ vous écoute
mais j’ suis pressé. Faut qu’ j’’aille retrouver mes fréquentations célèbres
aux « Deux Magots ».
Je lui présente mon projet sur Villon le plus clairement et de
la manière la plus concise possible avec le souci constant que j’ai de ne pas
faire chier le monde.
Il commence alors un numéro mémorable.
Comme dans les films, il allume un énorme barreau de chaise sans
m’accorder, bien sûr, le moindre regard. Comme dans les films, il pose
tranquillement son cigare sur le bord de son aquarium pour extirper un tire-jus
de sa poche et se mouche bruyamment pendant que je lui cause de Villon. Et,
toujours pendant que je lui parle, comme dans les films, il reprend son gros
cigare et appelle « Géraldine », l’inévitable secrétaire de ce genre
de boss.
Comme dans les films la secrétaire radine et comme ma maman m’a
inculqué quelques règles de politesse, je m’interromps pour le laisser demander
à Géraldine de lui ramener tel dossier concernant tel contrat de tel auteur de
renom.
Et sans que j’ai pu finir de présenter mon affaire, il tourne
enfin sa gueule maussade vers moi et me lâche :
-
« Vous, vous êtes un intellectuel. »
Voilà. Il aurait pu me parler de l’angle d’approche du
personnage qu’il aurait pu trouver comme ci ou comme ça. Il aurait pu ne pas trouver
l’encrage des planches à son goût…
Non. Il a m’a fait comprendre, le « grand
professionnel » qu’il m’avait cerné, qu’il n’avait même pas besoin de
jeter un coup d’œil sur ce que je lui présentais.
J’étais un « intellectuel », ce qui signifie chez les
« vrais » intellectuels parisianistes que j’étais rien qu’un bouseux alphabétisé.
En plus je ressemblais même pas à un vrai artisse, avec le pull
camionneur obligatoire, la boucle d’oreille qui va bien et ce je ne sais quoi
d’un peu déjanté qui traduit la tournure d’esprit originale et le talent
certain. Y’a aussi toute une frange de créateurs qui jouent les recroquevillés,
les grands cramés de l’âme par d’inavouables tourments intérieurs.
Effectivement, je ne fais pas partie du lot.
Désolé, j’ai envie de m’adresser normalement à des gens
normaux !
À chacun ses extravagances…
Puis il a continué à jouer au chat et aux souriceaux avec
l’autre projet que Philippe et moi nous lui présentions.
Et que j’ te mouche… Et que j’ te crapote… Et qu’ j’ t ‘appelle
Géraldine en nous coupant la parole…
Fallait-il que cet homme soit malheureux, frustré ou tout
simplement complètement con pour jouir de pareilles broutilles !
J’aurais préféré qu’il nous dise : « Prenez vos
cliques et vos claques et foutez-moi le camp, espèces
d’intellectuels ! »
Ce serait revenu au même mais il n’aurait pas pu faire son
numéro. Il n’aurait pas pu se faire du bien.
Y’a vraiment des gens payés à rien foutre.
Plus tard, je suis revenu à la charge auprès d’autres
« responsables z’éditoriaux ».
Et là, des conneries, il m’a encore fallu en entendre :
« Villon ?… Peut-être… mais plus tard ! »
« Villon ?… Ooooh làlalaaaaa… C’est trop
triste ! »
« Villon ?… Vous n’y pensez pas ! Vous avez
vraiment une trop haute idée de ce qu’est notre lectorat ! »…
Tralala !… Tous ces braves gens avaient au mieux,
peut-être, lu « La Ballade des Pendus » en 5ème…
La plupart de ces désinvoltes pensaient que Villon avait terminé
la corde au cou sur le gibet. Ben vouiii… puisqu’il a écrit « La Ballade
des Pendus » !
Donc, ils résumaient l’œuvre foisonnante et multicolore de
Maître François à une vague histoire de pendus.
Dix minutes de lecture en 5ème, voilà ce qui les
autorisait à mépriser mon boulot du haut de leur ignorance et de leur fatuité.
Heureusement, quand à L’Européen, j’ai proposé à Bruno Daraquy
de monter le spectacle que nous sommes aujourd’hui entrain de monter dans la
joie, il ne m’a pas traité d’ intellectuel. Il est comme moi, Daraquy, il s’en
branle que ce soit « intellectuel » ou « pas intellectuel »…
Lui , ce qu’il veut, c’est que ça sonne, c’est que ça
« clique » comme dirait Charlebois… C’est que l’émotion puisse
passer que le public, se marre, soit ému, surpris, voire choqué et qu’il ait
envie de fredonner les chansons à la fin du spectacle.
Même chose quand j’ai évoqué le projet avec Yannick Bunel de
chez Yil.
Il n’a pas pris de pose le Yannouche, il n’a pas allumé de
cigare (enfin j’ pense pas, vu qu’on était au téléphone, il s’est pas mouché
bruyamment et il n’a pas appelé sa secrétaire. Il m’a juste dit :
« François Villon ! Bien sûr ! Je connais un peu !
L’univers me plait. On le fait quand tu veux. »
Et voilà comment tout est vraiment parti ! La version
« disque » le branchait aussi mais il fallait pour ça, lancer
l’opération de financement participatif http://fr.ulule.com/francois-villon/ dont vous
n’ignorez plus rien maintenant.
On a beau être des garçons optimistes et enthousiastes, ni Yannick, ni Bruno, ni moi
n’espérions trop parvenir à réunir les fonds.
L’objectif est pourtant atteint aujourd’hui. Atteint et même
dépassé puisque nous commençons à garder l’argent qui voudra bien encore
tomber pour monter le spectacle dans toute sa dimension théâtrale.
C’est-à-dire : passer du « simple » tour de chant (17 chansons
autour de François Villon) à une vraie pièce de théâtre.
Heureusement, les multiples contributeurs qui nous aident, nous
ont aidés et nous aideront ne m’ont pas taxé d’ intellectualisme. Ils ont juste
lu les textes que je proposais dans les différents spots que je publie depuis
plus d’un mois. Ils ont regardé les dessins, écouter les extraits de chansons
et l’interview de Bruno.
C’est tout. C’est beaucoup.
Heureusement, des gens comme Maurice Galland du Théâtre Libre de
Saint-Etienne http://theatrelibre.fr/ ou
Gérard-André de « La Closerie » à Etais la Sauvin http://www.lacloserie-spectacles.fr/
, ne se posent pas la question de savoir si un spectacle est « intellectuel » ou pas…
Je ne sais pas s’ils sont des intellectuels, mais une chose est
sûre, c’est que ce sont des gens cultivés. Des gens qui ont sans doute approché
Villon d’un peu plus près que ne l’obligent ou le permettent les aléas de la
scolarité.
Et puis, surtout, ils ont vu Bruno Daraquy !
Et dans Couté !
Et dans Villon !
Mieux, ils ont vu les réactions du public qui lui aussi, se fout
de savoir ce qui est intellectuel ou pas.
Pour ma part, je fais ce que je peux en essayant de travailler
avec sincérité et le plus fraternellement possible pour les « frères
humains » qui me liront.
« J’ suis rien qu’un gars ben ordinaire. »
À part ça, il reste 3
jours ! 3 jours pour cliquer sur cette adresse : http://fr.ulule.com/francois-villon/
Encore un immense MERCI à tous ceux qui nous ont aidés à
financer l’enregistrement du disque pour lequel Bruno et les musiciens rentrent
en studio le 30 octobre.
Pour ceux qui découvrent cette page ou qui arrivent en cours
d’opération, vous pouvez lire l’article que le progrès a consacré à Bruno
Daraquy et à « François Villon, corps à cœur » ici http://www.leprogres.fr/loire/2016/10/11/sur-les-traces-de-francois-villon ainsi que le papier de Michel Kemper
consacré à la création de « Frères humains, 17 chansons autour de François
Villon »
ici http://www.nosenchanteurs.eu/…/bruno-daraquy-pcc-francois-…/
On peut suivre l’évolution de l’opération et aussi trouver des extraits du livre, des illustrations et des documents sur :
http://jp-joblin.blogspot.com
https://www.facebook.com/spectaclesbrunodaraquy/?fref=ts
https://www.facebook.com/Jean-Pierre-Joblin-textes-et-des…/…
Vous pouvez en apprendre encore plus sur ce projet et le futur spectacle qui en découlera en écoutant Bruno Daraquy vous en parler de vive voix dans l’émission de « La clé des ondes ». Il suffit de cliquer sur ce lien :
https://www.youtube.com/watch?v=pJrGeI5eO-M
ici http://www.nosenchanteurs.eu/…/bruno-daraquy-pcc-francois-…/
On peut suivre l’évolution de l’opération et aussi trouver des extraits du livre, des illustrations et des documents sur :
http://jp-joblin.blogspot.com
https://www.facebook.com/spectaclesbrunodaraquy/?fref=ts
https://www.facebook.com/Jean-Pierre-Joblin-textes-et-des…/…
Vous pouvez en apprendre encore plus sur ce projet et le futur spectacle qui en découlera en écoutant Bruno Daraquy vous en parler de vive voix dans l’émission de « La clé des ondes ». Il suffit de cliquer sur ce lien :
https://www.youtube.com/watch?v=pJrGeI5eO-M
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