mardi 25 octobre 2016

3 JOURS POUR FRANÇOIS VILLON - « Vous, vous êtes un intellectuel ! »



- « Vous, vous êtes un intellectuel ! »
Voilà ce que je me suis entendu dire dans les années 80 par un des grands pontes, un des faiseurs de pluie et de beau temps du milieu éditorial de la BD à qui je proposais une de mes multiples « moutures » de mon projet sur Villon.
« Un intellectuel » ?… par rapport à qui ?… Par rapport à quoi ?…
« Un intellectuel » ?… Comme qui ?
« Un intellectuel » ?… moi qui ait arrêté ce que je n’ose même pas appeler mes « études » à 17 ans.
« Un intellectuel » ?… moi qui claironne à tout bout de champ que la première qualité d’une production artistique est de ne pas ennuyer ceux à qui elle s’adresse.
« Un intellectuel »…
Qu’on ouvre « La Légende Dorée » http://www.dailymotion.com/GLENATBD/video/x6zdpq_clip-legende-doree_fun, qu’on lise « Monsterland » http://monsterlands.blospot.com  et http://monstersongs.fr/ , « Envoyez-les chier ! » ou « Com’ ci… Com’ ça… » http://comcicom.blogspot.com  et qu’on me dise si de ces livres s’exhale un parfum d’intellectualisme.

J’avais beau être jeune, je compris que ce « directeur de publication » - il est cané aujourd’hui. Paix aux cendres de son gros cigare ! -, se considérait lui, comme un vrai intellectuel, un intellectuel parisien ! Les plus beaux ! Les plus gros ! Les plus méprisants ! De ceux qui tapaient sur le bide d’Hugo Pratt et s’attribuaient avec une modestie parfaitement feinte l’enfoncement de quelques portes ouvertes.
Ce jour-là, j’étais avec Philippe Jallois avec qui nous présentions un autre projet dans le bureau de ce « grand professionnel » qui avait eu l’extrême bonté de condescendre à nous recevoir. On en avait les yeux papillonnant de reconnaissance.
Imaginez un bureau, pas très grand… Un mec d’une cinquantaine d’années, assez gras,  assis dans un fauteuil tournant, devant lui un énormissime cendrier, quasiment un aquarium.
Le mec nous reçoit en canadienne, le genre « J’ vous écoute mais j’ suis pressé. Faut qu’ j’’aille retrouver mes fréquentations célèbres aux « Deux Magots ».
Je lui présente mon projet sur Villon le plus clairement et de la manière la plus concise possible avec le souci constant que j’ai de ne pas faire chier le monde.
Il commence alors un numéro mémorable.
Comme dans les films, il allume un énorme barreau de chaise sans m’accorder, bien sûr, le moindre regard. Comme dans les films, il pose tranquillement son cigare sur le bord de son aquarium pour extirper un tire-jus de sa poche et se mouche bruyamment pendant que je lui cause de Villon. Et, toujours pendant que je lui parle, comme dans les films, il reprend son gros cigare et appelle « Géraldine », l’inévitable secrétaire de ce genre de boss.
Comme dans les films la secrétaire radine et comme ma maman m’a inculqué quelques règles de politesse, je m’interromps pour le laisser demander à Géraldine de lui ramener tel dossier concernant tel contrat de tel auteur de renom.
Et sans que j’ai pu finir de présenter mon affaire, il tourne enfin sa gueule maussade vers moi et me lâche :
-         « Vous, vous êtes un intellectuel. »
Voilà. Il aurait pu me parler de l’angle d’approche du personnage qu’il aurait pu trouver comme ci ou comme ça. Il aurait pu ne pas trouver l’encrage des planches à son goût…
Non. Il a m’a fait comprendre, le « grand professionnel » qu’il m’avait cerné, qu’il n’avait même pas besoin de jeter un coup d’œil sur ce que je lui présentais.
J’étais un « intellectuel », ce qui signifie chez les « vrais » intellectuels parisianistes  que j’étais rien qu’un bouseux alphabétisé.
En plus je ressemblais même pas à un vrai artisse, avec le pull camionneur obligatoire, la boucle d’oreille qui va bien et ce je ne sais quoi d’un peu déjanté qui traduit la tournure d’esprit originale et le talent certain. Y’a aussi toute une frange de créateurs qui jouent les recroquevillés, les grands cramés de l’âme par d’inavouables tourments intérieurs.
Effectivement, je ne fais pas partie du lot.
Désolé, j’ai envie de m’adresser normalement à des gens normaux ! 
À chacun ses extravagances…
Puis il a continué à jouer au chat et aux souriceaux avec l’autre projet que Philippe et moi nous lui présentions.
Et que j’ te mouche… Et que j’ te crapote… Et qu’ j’ t ‘appelle Géraldine en nous coupant la parole…
Fallait-il que cet homme soit malheureux, frustré ou tout simplement complètement con pour jouir de pareilles broutilles !
J’aurais préféré qu’il nous dise : « Prenez vos cliques et vos claques et foutez-moi le camp, espèces d’intellectuels ! »
Ce serait revenu au même mais il n’aurait pas pu faire son numéro. Il n’aurait pas pu se faire du bien.
Y’a vraiment des gens payés à rien foutre.

Plus tard, je suis revenu à la charge auprès d’autres « responsables z’éditoriaux ».
Et là, des conneries, il m’a encore fallu en entendre :
« Villon ?… Peut-être… mais plus tard ! »
« Villon ?… Ooooh làlalaaaaa… C’est trop triste ! »
« Villon ?… Vous n’y pensez pas ! Vous avez vraiment une trop haute idée de ce qu’est notre lectorat ! »…

Tralala !… Tous ces braves gens avaient au mieux, peut-être, lu « La Ballade des Pendus » en 5ème
La plupart de ces désinvoltes pensaient que Villon avait terminé la corde au cou sur le gibet. Ben vouiii… puisqu’il a écrit « La Ballade des Pendus » !
Donc, ils résumaient l’œuvre foisonnante et multicolore de Maître François à une vague histoire de pendus.
Dix minutes de lecture en 5ème, voilà ce qui les autorisait à mépriser mon boulot du haut de leur ignorance et de leur fatuité.

Heureusement, quand à L’Européen, j’ai proposé à Bruno Daraquy de monter le spectacle que nous sommes aujourd’hui entrain de monter dans la joie, il ne m’a pas traité d’ intellectuel. Il est comme moi, Daraquy, il s’en branle que ce soit « intellectuel » ou « pas intellectuel »… Lui , ce qu’il veut, c’est que ça sonne, c’est que ça « clique » comme dirait Charlebois… C’est que l’émotion puisse passer que le public, se marre, soit ému, surpris, voire choqué et qu’il ait envie de fredonner les chansons à la fin du spectacle.
Même chose quand j’ai évoqué le projet avec Yannick Bunel de chez Yil.
Il n’a pas pris de pose le Yannouche, il n’a pas allumé de cigare (enfin j’ pense pas, vu qu’on était au téléphone, il s’est pas mouché bruyamment et il n’a pas appelé sa secrétaire. Il m’a juste dit : « François Villon ! Bien sûr ! Je connais un peu ! L’univers me plait. On le fait quand tu veux. »
Et voilà comment tout est vraiment parti ! La version « disque » le branchait aussi mais il fallait pour ça, lancer l’opération de financement participatif http://fr.ulule.com/francois-villon/ dont vous n’ignorez plus rien maintenant.
On a beau être des garçons optimistes et  enthousiastes, ni Yannick, ni Bruno, ni moi n’espérions trop parvenir à réunir les fonds.
L’objectif est pourtant atteint aujourd’hui. Atteint et même dépassé puisque nous commençons à garder l’argent qui voudra bien encore tomber pour monter le spectacle dans toute sa dimension théâtrale. C’est-à-dire : passer du « simple » tour de chant (17 chansons autour de François Villon) à une vraie pièce de théâtre.

Heureusement, les multiples contributeurs qui nous aident, nous ont aidés et nous aideront ne m’ont pas taxé d’ intellectualisme. Ils ont juste lu les textes que je proposais dans les différents spots que je publie depuis plus d’un mois. Ils ont regardé les dessins, écouter les extraits de chansons et l’interview de Bruno.
C’est tout. C’est beaucoup.

Heureusement, des gens comme Maurice Galland du Théâtre Libre de Saint-Etienne http://theatrelibre.fr/ ou Gérard-André de « La Closerie » à Etais la Sauvin http://www.lacloserie-spectacles.fr/ , ne se posent pas la question de savoir si un spectacle  est « intellectuel » ou pas…
Je ne sais pas s’ils sont des intellectuels, mais une chose est sûre, c’est que ce sont des gens cultivés. Des gens qui ont sans doute approché Villon d’un peu plus près que ne l’obligent ou le permettent les aléas de la scolarité.
Et puis, surtout, ils ont vu Bruno Daraquy !
Et dans Couté !
Et dans Villon ! 
Mieux, ils ont vu les réactions du public qui lui aussi, se fout de savoir ce qui est intellectuel ou pas.

Pour ma part, je fais ce que je peux en essayant de travailler avec sincérité et le plus fraternellement possible pour les « frères humains » qui me liront.
« J’ suis rien qu’un gars ben ordinaire. »




À part ça,  il reste 3 jours ! 3 jours pour cliquer sur cette adresse : http://fr.ulule.com/francois-villon/ 
Encore un immense MERCI à tous ceux qui nous ont aidés à financer l’enregistrement du disque pour lequel Bruno et les musiciens rentrent en studio le 30 octobre.

Pour ceux qui découvrent cette page ou qui arrivent en cours d’opération, vous pouvez lire l’article que le progrès a consacré à Bruno Daraquy et à « François Villon, corps à cœur » ici   http://www.leprogres.fr/loire/2016/10/11/sur-les-traces-de-francois-villon  ainsi que le papier de Michel Kemper consacré à la création de « Frères humains, 17 chansons autour de François Villon »
ici http://www.nosenchanteurs.eu/…/bruno-daraquy-pcc-francois-…/ 
On peut suivre l’évolution de l’opération et aussi trouver des extraits du livre, des illustrations et des documents sur :
http://jp-joblin.blogspot.com
https://www.facebook.com/spectaclesbrunodaraquy/?fref=ts
https://www.facebook.com/Jean-Pierre-Joblin-textes-et-des…/…
Vous pouvez en apprendre encore plus sur ce projet et le futur spectacle qui en découlera en écoutant Bruno Daraquy vous en parler de vive voix dans l’émission de « La clé des ondes ». Il suffit de cliquer sur ce lien : 
https://www.youtube.com/watch?v=pJrGeI5eO-M








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