Ça fait plaisir de voir la presse - le
journal « Le Progrès »- nous apporter son aide en répercutant la
prochaine parution de l’ouvrage et l’opération de financement participatif pour
laquelle il ne reste qu’un peu plus de deux semaines. Deux semaines pour finir
de rassembler la somme qui nous permettra d’enregistrer le CD que nous
souhaitons joindre au livre.
Merci donc au « Progrès » et à Maurice Galland,
directeur du Théâtre Libre de Saint-Etienne qui a eu l’idée de contacter le
canard.
La maquette d’un journal offrant une place évidemment limitée
même si nous bénéficions d’un papier conséquent, l’article est un condensé.
Voici donc la totalité des réponses que Bruno Daraquy et moi
avons données à Denis Vernet du « Progrès ».
SUR LES TRACES DE FRANÇOIS VILLON
« Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
![]() |
A droite, la version
« couleur » d’une des illustrations du livre
que je déclinerai sans
doute sous forme de poster ou de carte postale
pour les contributeurs de Ulule
http://fr.ulule.com/francois-villon/ |
BRUNO DARAQUY : Bruno
Daraquy, je suis comédien et chanteur depuis un peu plus de trente ans.
JOBLIN : Je suis avant
tout un raconteur d’histoires… qu’il s’agisse de nouvelles, de paroles de
chansons, d’illustrations ou de scénarios de bandes dessinées…
Autodidacte, j’ai commencé par
devenir assistant « décors » de Gilles Chaillet sur sa BD
« Vasco » (ce qui déjà, me permettait d’aborder l’architecture du
Moyen âge) tout en suivant différents cours du soir (dessin, pub, peinture…)
avec l’ADAC et la ville de Paris.
Puis j’ai commencé à publier
des BD pour la presse et l’édition. Notamment « Contes de Maupassant en
BD » chez Petit à Petit. Après un bref passage dans le dessin animé
(France Animation et Dargaud, Marina Productions) comme scénariste et
dessinateur, j’ai rencontré le dessinateur Olivier Le Discot.
Nous avons créé le triptyque
BD « La Légende Dorée » (Vents d’Ouest).
Depuis, j’ai sorti d’abord
chez De Borée puis chez Yil édition avec le même Le Discot, deux recueils de
nouvelles fantastiques : « Monsterland » http://monsterlands.blogspot.com ,
avec le dessinateur Gezman : des contrepèteries scénarisées « Com’
ci… Com’ ça … » http://comcicom.blogspot.com
et des textes humoristiques
illustrés par Philippe Jallois : « Envoyez-les chier ! Petit
traité de résistance ludique contre les emmerdeurs téléphoniques ».
Comme illustrateur j’ai
participé à beaucoup d’ouvrages dont principalement ceux de la collection
« Les Encyclopes » chez Milan.
des titres pour Lou Saintagne http://www.lousaintagne.com/
, « Paris Bossa » et
bien sûr, pour Bruno Daraquy.
Comment est né ce projet de livre-disque sur François
Villon ?
BRUNO DARAQUY : C’est une
longue histoire. Depuis pas mal de temps, je propose un spectacle consacré à
l’œuvre de Gaston Couté ( http://gastoncoute.free.fr/
). C’est en discutant avec Jean Pierre Joblin, qui
m’avait vu dans cette interprétation, que nous en sommes venus à l’idée de
construire quelque chose autour de François Villon.
JOBLIN : L’idée de
produire une œuvre qui mêlerait texte, dessins et chansons m’est venue vers 17
ans.
Heureusement, ça ne s’est pas
fait tout de suite, ce qui m’a permis de lire des médiévistes comme Jean
Favier, de peaufiner mon écriture et de permettre à mon graphisme de se
développer.
J’ai depuis l’enfance été
intrigué par Villon qui a écrit certains de ses poèmes dans un langage étrange,
uniquement parlé par les truands de l’époque : le jargon ou le
jobelin !
Exactement mon nom de famille
sans le « e »…
Et puis j’ai entendu Brassens
chanter « La Ballade des dames du temps jadis » et surtout Reggiani
interpréter « La ballade des Pendus ».
Un soir, au Théâtre de
l’Européen, à Paris, après un spectacle qu’il consacrait à l’œuvre de Gaston
Couté, Bruno Daraquy qui appréciait mon travail de parolier avec Lulu Borgia,
me confia qu’il interpréterait volontiers une ou plusieurs de mes chansons.
Admiratif, de son énergie et
de ses qualités d’interprète, je lui
fis aussitôt part du projet sur Villon que je rêvais de monter depuis bien
longtemps.
L’adéquation entre sa
personnalité et l’incarnation qu’il pourrait faire du poète, me paraissait
évidente.
Avec Malto qui avec Lulu
Borgia, est le compositeur avec qui
j’ai le plus créé de chansons, nous commençâmes à concevoir les titres qui
seraient « enchâssés » dans le monologue que j’écrirais pour Bruno.
De quoi s'agit-il exactement ? Il y a 2 projets en
fait : le livre-disque et une tournée musicale (si j'ai bien compris) ?
BRUNO DARAQUY : … Oui
… et l’idée de créer le texte du livre à la scène, dans une forme théâtrale.
Le tour de chant existe déjà
puisque nous l’avons présenté au Théâtre Libre de St Etienne.
JOBLIN : Initialement,
« François Villon, corps à cœur » a été conçu comme un spectacle
théâtral, un monologue dans lequel sont placées des chansons qui contribuent
pleinement à faire avancer la narration. Nous avions demandé des conseils de
mise en scène à Jean-Luc Debattice
(formidable comédien, musicien, auteur et chanteur qui me fait d’ailleurs
l’honneur de signer la préface du livre).
Très vite, Maurice Galland du
Théâtre Libre de Saint-Etienne se montra intéressé.
Alors…. Dossier… Prises de
contact avec les musiciens, les techniciens… Enregistrement de démo… Calculs de
budget… Recherches de subventions … qui
ne sont finalement pas tombées !
C’est alors que j’eus l’idée,
de monter un tour de chant accompagné de petits extraits du texte du spectacle
et ce fut « Frères humains… 17 chansons autour de François Villon »
qui fut créé en 2012 au Théâtre Libre et qui trouva un très bon accueil auprès
du public.
Ce spectacle nous valu un
article élogieux de Michel Kemper. http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2012/04/29/bruno-daraquy-pcc-francois-villon/
Il y a trois ans, j’ai
rencontré Yil édition. http://yil-edition.com/
Cette jeune Maison d’Edition
est dirigée par Yannick Bunel, un aventurier comme on n’en fait plus et dont
l’enthousiasme enthousiasmant tranche singulièrement avec l’attitude très
frileuse de certains « gros culs décideurs » du monde de l’édition.
Il faut les voir… confits dans
leur fric tels des titans tétanisés à force d’observer la concurrence.
Ils ont pour seule ambition de
pomper tout ce qui paraît bancable sur le moment et dont ils se
désintéresseront dès que le vent aura tourné.
La démarche de Yil ressemble
un peu à ce que furent les débuts de « Boucheries Productions » pour
la chanson et le rock alternatifs à la fin des années 80.
Beaucoup de choses sont
possibles mais la politique de Yil repose avant tout sur la capacité des
auteurs à générer de l’intérêt autour de ce qu’ils font.
Les budgets n’étant pas
extensibles, la formule livre-disque, nous a contraints Bruno Daraquy et moi, à
lancer une opération de financement participatif sur Ulule http://fr.ulule.com/francois-villon/ pour couvrir les frais d’enregistrement et tout le travail de studio. Yil finance la
fabrication du livre, celle du CD et beaucoup de cadeaux (sérigraphies, cartes postales…) adressés
aux souscripteurs.
Quel est votre rôle exact dans ce projet ?
BRUNO DARAQUY :
François Villon…
JOBLIN : J’en suis le
concepteur, l’auteur et l’illustrateur.
Selon vous, l’œuvre de François Villon (et votre
livre-disque) peuvent-ils intéresser un public plus large que ceux qui
connaissent déjà et apprécient le poète du moyen-âge ?
BRUNO DARAQUY : Oui
certainement à condition d’être un peu curieux. Avec l’équipe (Joblin, Malto,
mes musiciens et moi) nous nous sommes attachés à produire un ouvrage qui rend
Villon très accessible.
Les compositions de Malto et les
arrangements de Laurent Bezert accentuent encore la contemporanéité de Villon.
JOBLIN : Oui car je me
suis employé à sortir volontairement des sentiers balisés par les évocations
historiques habituelles en distillant de vraies informations mais sans
m’appesantir et sans noyer les lecteurs-auditeurs sous des tonnes de données
difficiles à digérer en première approche.
Pour moi la première qualité
d’une œuvre quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse d’un livre ou d’un spectacle,
c’est de ne pas ennuyer les gens à qui elle s’adresse et si possible, de capter
leur attention, de ne pas les lâcher. C’est pourquoi, les musiciens, Laurent
Bezert (qui a signé les arrangements) et Thomas Garrigou ne servent pas une
musique pseudo poétique, ou pseudo médiévale.
Ça swingue, ça tourne, ça pulse, ça cogne et ça émeut.
Quant à Bruno j’ai essayé de
lui tailler des textes à sa démesure.
L’humour, la farce et la
franche déconnade ne sont jamais loin même si nous avons intégré au spectacle
des textes comme « La ballade des pendus » ou une chanson d’hommage à
la mère de Villon (et d’ailleurs à toutes les mères) « Ma Femme
Natale ».
Pour avoir travaillé l’an
dernier avec des élèves de 5ème sur une bio de Villon traitée en
textes, en dessins et en séquences de roman photo, je peux vous dire qu’ils
n’ont pas été longs à embarquer dans l’univers de maître François.
Il faut dire que j’ai fait
intervenir « Les Frères de Lices »,
la troupe d’escrime artistique d’Aulnay-sous-bois pour évoquer les moments de sa vie les plus... turbulents. http://freresdelices.wordpress.com/
Nous avons terminé par une
formidable visite du château de Meung-sur-Loire où fut incarcéré Villon.
Un personnage tel que lui, qui
a fréquenté les clercs, les
prostituées, les notaires, les bourgeois, la cour des miracles, celles des
princes et les terribles coquillards (bandits de grands chemins) est forcément
un guide de premier choix pour
découvrir cette France du 15ème siècle qui sort à peine de la guerre
de cent ans.
Et puis, la deuxième partie du
livre rebondit sur mes chansons et des
poèmes de Villon.
Elle me permet de livrer au
lecteur des clefs de « portes plus ou moins dérobées ».
J’ai voulu que ces
commentaires soient traités sur le ton d’une conversation entre amis.
J’y livre des informations
complémentaires. J’y fais part de mes doutes sur certains faits. J’y révèle les
double ou triple sens que je me suis amusé à glisser dans les textes et j’y
explique même ma manière de travailler et ce qui a motivé tel ou tel choix.
Enfin, pour les curieux ou les
étudiants, je termine par trois pages de références à la littérature, la BD, la
peinture, la sculpture, le cinéma et la chanson…
Bref, de quoi s’immerger
complètement dans le monde de Villon.
Si
« oui », en quoi pensez-vous qu'on puisse le relier au monde
d'aujourd'hui ?
BRUNO DARAQUY : Je n’en sais rien. Si les gens la rencontrent, une œuvre
comme celle de Villon est capable de contribuer à faire se lever le vent. Nous
sommes sous le règne de la médiocrité, de la crétinerie, de l’asepsie. Celles
et ceux qui se dressent contre ce monde trouveront en Villon un frère d’arme,
un frère d’âme…
JOBLIN : La société du 15ème
siècle est entièrement sous le contrôle des religieux.
Le roi l’est de « droit
divin ».
La violence y est
omniprésente, et les exécutions sont là pour marquer les esprits.
Les pauvres couchent sous les
étals des riches bouchers. On ne les appelle pas encore S.D.F.
La superstition est partout.
On ira même jusqu’à excommunier des animaux « nuisibles ».
La renaissance n’a pas encore
jeté ses premières lumières.
Pourtant, tout religieux
qu’ils soient, les hommes de cette fin de Moyen âge -dont Villon fait partie-,
ont de plus en plus tendance à tourner les représentants de la religion en
dérision.
Certains moines tiennent
taverne, d’autres sont maquereaux et la mère abbesse de Port-Royal a une solide
réputation de tenancière de boxon.
Des bandes de mercenaires sans
emploi sillonnent le pays…
Et partout des pauvres
redoutant les hivers terrifiants.
Ça ressemble malheureusement à
ce que l’on est en train de voir se développer plus ou moins loin de nous. Une
vraie reconstitution hystérique !
Et puis, d’un point de vue
littéraire, l’évolution se fait comme ça : Villon- Rabelais - Gaston Couté
- Brassens- Céline…
Tous des stylistes ! Tous
musiciens !
Bertrand Blier est pour moi,
un autre descendant de Villon tant son écriture cinématographique, sa gouaille,
sa crudité, son humour ravageur, le rythme de ses dialogues, s’apparentent à
la « musique » de « maître François ».
François
Villon vous semble t-il encore audible dans la société actuelle ?
BRUNO DARAQUY : Bien
sûr ! Cette société fait de nous de mauvais vivants. Villon peut nous
aider à (re)devenir de bons vivants de ceux qui savent narguer la mort.
JOBLIN : Oui car pour peu
que l’on parvienne à pénétrer le vieux français, on découvre une œuvre
vertigineuse, faite de sous-entendus, d’antiphrases, de jeux de mots, pleine de
rythme, tout un univers.
Conscient, du fossé
linguistique qui sépare le twitto du 21ème siècle du parisien du 15ème
siècle, j’ai écrit le texte et les chansons dans une langue qui soit accessible
à tous sans tomber dans le côté « poutre apparente » qui m’agace
du style : « Noble sire,
placé serez près de la gente dame »…
Je laisse ce genre de sabir
aux parcs d’attractions et aux fêtes de patronages.
J’ai plutôt essayé de
restituer une saveur, un parfum, une rythmique…
Mais évidemment, encore
faut-il avoir la curiosité de se pencher sur le sujet.
Moi, ce sont des gens comme Brassens, Ferré, Gainsbourg,
Ferrat qui par leur musique m’ont amené à découvrir les poètes. Dernièrement
Jean Guidoni a donné une très belle interprétation des textes de Prévert et de
ceux de Leprest. Je considère d’ailleurs que son parolier
« mythique », Pierre-Philippe, est une sorte de Baudelaire de la chanson.
Comment la création du spectacle « Frères humains »
au Théâtre Libre à Saint-Étienne s'est-elle déroulée ? (TRES bien si j'en
crois Maurice Galland mais quel a été votre ressenti ?)
BRUNO DARAQUY : Oui, très bien ! Je suis
venu souvent au Théâtre Libre, j’y ai présenté presque tous mes spectacles
(celui sur Gaston Couté « Les absinthes », « A TOI » un
tour de chant composé de chansons de divers auteurs, « Calamity Jane, le
procès » (théâtre) et… « Frères Humains » 17 chansons autour de
François Villon.
Très vite, Ghislaine Ducerf et
Maurice Galland sont devenus pour moi des amis. De fidèles amis.
C’est très rare dans nos métiers…
JOBLIN : Rien n’est moins
glamour qu’un auteur ou qu’un dessinateur au travail.
Aussi, et heureusement, il y a
des moments de grâce dans nos activités, des rencontres formidables, de purs
instants de bonheur.
Retrouver mon copain Daraquy
et les musiciens, les voir répéter, triompher, entendre les sœurs de La
Visitation qui nous avaient hébergés me dire que le spectacle était formidable
et qu’elles auraient aimé que ça recommence illico (alors que je craignais un
peu de les choquer par la crudité et la violence de certaines chansons) avait
quelque chose de fou, d’incroyable.
Et puis déguster un couscous
au-dessus de la scène avec toute la troupe, au milieu des merveilleux costumes
de Ghislaine Ducerf tout en discutant chanson avec Michel Kemper, ce sont des
moments inoubliables que j’évoque régulièrement.
Et puis la gentillesse, la
passion, la chaleur des frères Galland ! Terrible !
Des vrais de vrais ! …
Des « ga’s comm’ y faut ! » comme on dit dans le Berry.
Vous avez lancé un financement participatif sur internet pour
enregistrer le disque, où en êtes-vous de cet appel de fonds ?
BRUNO DARAQUY : Au moment où
je réponds à vos questions nous avons atteint un tiers de la somme recherchée
en 4 jours. (Un peu plus de 2000€ sur les 6000 recherchés.)
JOBLIN : Nous avons lancé
l’opération il y a quatre jours. C’est assez touchant de voir que des gens
aident à ce qu’un projet aussi atypique puisse éclore. Nous espérons que cette
belle dynamique ne va pas s’arrêter.
Quand prendra t-il fin ?
BRUNO DARAQUY : Le 27
octobre prochain après 46 jours de campagne. »
(Entretien conduit
par Denis Vernet pour « Le Progrès » le 17 septembre 2016)
En complément, vous pouvez
écouter l’entretien accordé par Bruno Daraquy , il y a quelques jours sur
« La clé des ondes » https://www.youtube.com/watch?v=pJrGeI5eO-M
Ainsi que le petit teaser réalisé à partir
d’extraits de répétitions
Il ne reste plus que 17 jours. Alors s’il vous vient l’envie de nous aider, un peu…
beaucoup… n’hésitez pas à aller faire un tour sur http://fr.ulule.com/francois-villon/
Vous pourrez suivre la
progression de l’ouvrage sur
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