samedi 15 octobre 2016

13 JOURS POUR FRANÇOIS VILLON «… un œuf dans un œuf dans un œuf … une œuvre dans une œuvre dans une œuvre…» (complément au spot du 2 octobre « Une œuvre, des œuvres… »)






Villon a jeté son pavé poétique dans l’espace et le temps.
Voici bientôt six siècles que ses ondes n’en finissent de rayonner dans notre imaginaire.

Les grandes œuvres possèdent une telle charge émotionnelle, dégagent une telle énergie qu’elles en engendrent d’autres.
Tel est le cas des écrits de maître François !
Des annotations très éclairantes de Clément Marot en 1533 à notre « François Villon, corps à cœur », nous sommes quelques uns à nous être lancés sur les pas du  génial et mystérieux « chenapan ».
À la fin du livre vous trouverez de nombreuses références renvoyant à des études, des biographies, des chansons, des films et quelques liens internet très intéressants et présentant des raretés sur lesquelles je suis tombé quelquefois par hasard.
Cette faculté de l’Art à provoquer, à générer de nouvelles expressions artistiques m’a toujours fasciné.
J’avais déjà abordé le sujet dans « Okusai » avec Lulu Borgia.
Ce titre célèbre bien sûr la vague géante du maître japonais.
Dans cette œuvre, je vois l’affirmation de la « ligne claire » style qu’ Hergé, Jacobs, Juillard et Giardino placeront au firmament de la BD contemporaine.
Mais, la chanson de Lulu Borgia n’est pas que descriptive.
Si je m’en donne à cœur joie avec les sonorités japonaises des mots  « Yedo », « Kanagawa », « tsunami », « sumotori »  « Fuji »… il n’empêche que le vrai sujet de cette chanson demeure « l’œuvre dans l’œuvre » puisque que l’œil halluciné de Van Gogh contemplera avec passion la peinture japonaise avant d’aller se cramer dans son propre feu.
Debussy, lui aussi, impressionné par « La Vague », composera « La Mer »…
Quant à Lulu Borgia, elle a capturé le fameux « cheval au galop » qui donne le tempo à la marée du Mont Saint-Michel pour s’élancer dans notre chanson :

Des exemples d’œuvres générant des œuvres, il y en a une multitude d’autres.
Si l’on se concentre sur Villon, on  peut même dire que le chef-d’œuvre a enfanté d’autres chefs-d’œuvre.
J’en veux pour illustration le poème de « l’Autre », « le Monstre » !… Arthur Rimbaud !
Le swingueur infernal du « Bal des pendus ».
« Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du Diable,
Les squelettes de Saladin…
Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées
Un morceau de chair tremble à leur maigre menton :
On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées,
Des preux, raides, heurtant armures de carton… »

La référence à Villon est absolue.
Rimbaud et Verlaine étaient « fondus » de l’œuvre du gars François.
D’ailleurs je vous invite à écouter cette extraordinaire version des frères Saglio qui prouve qu’on peut faire du rap d’excellente qualité sans se limiter aux figures imposées par le genre et sans ânonner les sempiternelles mêmes âneries.
Mais ça, Nougaro l’avait déjà montré avec le très percutant « Paris mai ».
Bien sûr, les puristes, « les spécialistes » ne manqueront pas de me faire remarquer que Nougaro ne portait pas la casquette à l’envers (ce qui authentifie la qualité de rappeur) et  qu’à l’époque ça ne s’appelait pas encore « rap ».
Ce à quoi je répondrai : «… Merde ! »
En tout cas, si vous voulez écouter un truc grandiose avec les « Saglio brothers », cliquez vite sur le lien qui suit. J’entends Rimbaud dans son cercueil qui marque le rythme avec son moignon ! The zombie beat box, quoi… 

Et Théodore de Banville, terriblement influencé par Villon, lui aussi écrira « Le verger du roi Louis » que Brassens magnifiera encore avec une de ses mélodies de derrière la pipe !
« Sur ses larges bras étendus,
La forêt où s'éveille Flore,
A des chapelets de pendus
Que le matin caresse et dore.
Ce boit sombre, où le chêne arbore
Des grappes de fruits inouïs
Même chez le Turc et le More,
C'est le verger du roi Louis… »

Il faut dire que le poème de Rimbaud fut pour moi, dès la petite enfance, auréolé de malédiction.
J’avais sept ans quand on retrouva un voisin, un adolescent, pendu dans sa chambre.
Je ne comprenais alors pas très bien ce qui se passait, ne saisissant que des bribes des conversations d’adultes.
Il se murmurait dans Dun-sur-Auron qu’on avait retrouvé dans sa poche un étrange poème : « Le bal des pendus » d’un certain Rimbaud.
Ainsi donc, les vers de Rimbaud renfermaient-ils assez de puissance maléfique pour amener quelqu’un à se suicider…
Au long de ma scolarité (assez courte), je n’ai pas rencontré Rimbaud (J’ai juste buté sur un crétin de prof qui se targuait de nous expliquer en détail « Le Bateau Ivre » !
Quel con ! Il faut que je demande à Lucchini d’aller lui tirer les oreilles !)
Heureusement que j’ai rencontré Brassens, Ferré, Thiéfaine et tous les autres qui ne se sont pas fourvoyés dans les explications mais qui ont su faire œuvre de transmission.
Et avec quel talent ! !
J’en profite pour rendre hommage ici à Jacques Mastrojanni, directeur de l’école Du Guesclin à Aulnay-sous-bois au joyeux temps des seventies. Il fut mon prof de français en 3ème.
Le bonhomme, surnommé « Bizu » par les galopins facétieux, n’était pas exactement ce que l’on peut appeler « un rigolo »… Il ressemblait comme deux gouttes d’encre à Monsieur De Mesmaeker dans Gaston Lagaffe et, pour tout dire, nous faisait même un peu peur.
Et pourtant, c’est lui qui m’a fait entrer dans la grande et belle déconnade rabelaisienne avec « Gargantua » et « Pantagruel » !  Je  me suis empressé de transmettre mon engouement pour Rabelais à mon fils avec qui nous nous poilons régulièrement et intensément en écoutant les fantastiques enregistrements que l’on peut trouver chez « Frémeaux & Associés » avec Philippe Noiret, Jacques Villeret et toute une bande de comédiens de première bourre !
Tout cela pète de vie grâce aux bruitages et autres effets sonores !
Une pure merveille à découvrir sans attendre !
C’est également Jacques Mastrojanni qui écrivit en haut de l’une de mes rédacs qu’il lisait souvent en classe : « Vous avez un style d’écrivain. » quand d’autres prévoyaient pour moi un avenir « de bon employé » !…
C’est comme ça. Il arrive dans la vie que vous marchiez du pied gauche sur des super-extralucides… des voyants… C’est pas pour rien qu’ils sont profs principaux… Même que s’ils avaient voulu, ils auraient très bien pu investir la roulotte de Madame Irma à la fête à Neu-Neu !... ou... J' sais pas moi... vendre des gaufres !… Hein... Quand on a du potentiel !...
Tout ça pour dire que j’ai  lu « Le Bal des Pendus » assez tard avec l’impression de manipuler de la nitroglycérine.
Inutile de dire que je fus instantanément scotché par la puissance, les images et la musique qui jaillissaient du texte maudit.
Et notre Jacques Higelin national ?… Il n’aurait pas été influencé par Villon, lui aussi, avec l’excellentissime « Je suis mort. Qui dit mieux ? » ?…
Même notre nouveau « Prix nobel de littérature », Bob Dylan, se fendra en 1964 d’un « Outlined épitaph », texte figurant au dos de l’album « The times they are a-changin’ » en référence (révérence ?) directe à Villon.

J’arrête là avec les chansons.
Vous trouverez toutes les références à la fin de « François Villon, corps à cœur »

Parce que y’a la chanson, mais aussi la sculpture (voir le spot du 2 octobre « Une œuvre, des œuvres » consacré à au « troubadour / Villon » de Jean-François Etcheto. )
Il y a Rodin  avec « La belle heaumière » et l’étonnante statue biface de la même heaumière de René Collamarini.

Quant à aborder les « objets littéraires » découlant de Villon cela équivaut à plonger dans un océan d’études, de biographies, de poésies, d’analyses…
Ne prenons, pour le plaisir, que quelques exemples.
Bruno Daraquy dans l’interview accordée à « La clé des ondes » https://www.youtube.com/watch?v=pJrGeI5eO-M établit un lien évident entre le « Je plains le temps de ma jeunesse de Villon » et « La chanson du gâs qu’a mal tourné » de Gaston Couté.

Et puis au début du 20ème siècle, Jean Richepin, avec sa « Chanson des gueux » ne savait pas qu’en pastichant Villon, il écrivait les paroles de grandes chansons de Brassens.

Enfin, j’ai découvert très récemment que Dante Gabriel Rossetti, le célèbre peintre préraphaélite dont on peut voir actuellement des toiles au Petit Palais dans l’exposition « Oscar Wilde, l’impertinent absolu », avait signé une adaptation de « La Ballade des dames du Temps Jadis » : « The ballad of dead ladies ».
À gauche, un extrait de l’adaptation en rosbif par Dante Gabriel Rossetti 
de « La Ballade des Dames du Temps Jadis » « The ballad of dead ladies »
 et à droite, une étude attribuée au même Dante Gabriel Rossetti 
qui l’aurait réalisée à la fin du 19ème siècle. Rien n’est moins sûr, 
vu que l’étude c’est moi qui l’ai faite. Cette illustration est tirée de la nouvelle  
« Les bijoux du Diable » dans le « Monsterland » T2 sorti chez Yil cette année.

Étrangement, Dante Gabriel Rossetti côtoie les œuvres de Villon dans « Monsterland », mon recueil de nouvelles fantastiques pour lequel j’ai signé les illutrations avec mon camarade Le Discot. (chez Yil édition)
L’étrangeté de la chose - d’autres préféreront invoquer le hasard - réside dans le fait que j’ignorais complètement au moment de l’écriture que Rossetti s’était passionné pour Villon.




« Monsterland » est un ouvrage qui joue beaucoup sur le trompe-l’œil.
Le pastiche, le clin d’œil, la facétie sont très présents 
dans cette univers fantastique et fantaisiste. Ainsi, le nom du pseudo 
éditeur des « 11 Ballades en Jargon et Jobelin », « Dindon-Malassis » 
est-il une allusion aux fameux éditeur « Poulet-Malassis » à qui 
nous devons la publication des œuvres de Lautréamont 
ou des « Fleurs du Mal » de Charlie Baudelaire.


Le lecteur qui savoure les contes grivois de La Fontaine, 
allongé sur un canapé n’est autre que Balthazar Joblin. 
Il est censé appartenir à mon arbre généalogique (qui a mon avis, 
s’apparente plus à une mandragore ou à un fau de Verzy 
qu’au pin des Landes).





Dans un tout autre état d’esprit : Dubout illustrant Villon. Génial !
Ici « Le Pet au Diable » 



http://fr.ulule.com/francois-villon/  

Mais, je crois que je radote… J’ai déjà dû parler de ça dans le spot du 2 octobre où j’évoquais les rapports de Villon avec la bande dessinée.
Il est temps pour moi, d’arrêter.
Par contre, il y a une chose qu’il ne faut pas arrêter de faire, c’est d’aller sur Ulule pour permettre à mes copains Malto, Daraquy, Bezert et Garrigou de vous régaler d’un enregistrement de 17 chansons autour de François Villon.
On y est preeeeeeeeesque !
Alors, rendez-vous sur http://fr.ulule.com/francois-villon/

MERCI À TOUS CEUX QUI NOUS AIDENT, NOUS ONT AIDÉS ET NOUS AIDERONT !
Afin de mieux vous éclairer sur ce que nous proposons, vous pouvez cliquer sur les différents liens qui suivent :
D’abord, deux articles dont le plus récent vient de paraître dans « Le Progrès » il y a 3 jours.

et l’article de Michel Kemper consacré à la création de « Frères humains, 17 chansons autour de François Villon »
On peut suivre l’évolution de l’opération et aussi trouver des extraits du livre, des illustrations et des documents sur :
http://jp-joblin.blogspot.com
https://www.facebook.com/spectaclesbrunodaraquy/?fref=ts
https://www.facebook.com/Jean-Pierre-Joblin-textes-et-des…/…

Vous pouvez en apprendre encore plus sur ce projet et le futur spectacle qui en découlera en écoutant Bruno Daraquy vous en parler de vive voix dans l’émission de « La clé des ondes ». Il suffit de cliquer sur ce lien :
https://www.youtube.com/watch?v=pJrGeI5eO-M
Un petit teaser, vous permet également d’entendre des extraits de chansons enregistrés pendant des répétitions.








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