Villon a jeté son pavé poétique dans l’espace et le temps.
Voici bientôt six siècles que ses ondes n’en finissent de
rayonner dans notre imaginaire.
Les grandes œuvres possèdent une telle charge émotionnelle,
dégagent une telle énergie qu’elles en engendrent d’autres.
Tel est le cas des écrits de maître François !
Des annotations très éclairantes de Clément Marot en 1533 à
notre « François Villon, corps à cœur », nous sommes quelques uns à
nous être lancés sur les pas du génial
et mystérieux « chenapan ».
À la fin du livre vous trouverez de nombreuses références
renvoyant à des études, des biographies, des chansons, des films et quelques
liens internet très intéressants et présentant des raretés sur lesquelles je
suis tombé quelquefois par hasard.
Cette faculté de l’Art à provoquer, à générer de nouvelles
expressions artistiques m’a toujours fasciné.
J’avais déjà abordé le sujet dans « Okusai » avec
Lulu Borgia.
Ce titre célèbre bien sûr la vague géante du maître
japonais.
Dans cette œuvre, je vois l’affirmation de la « ligne
claire » style qu’ Hergé, Jacobs, Juillard et Giardino placeront au
firmament de la BD contemporaine.
Mais, la chanson de Lulu Borgia n’est pas que descriptive.
Si je m’en donne à cœur joie avec les sonorités japonaises
des mots « Yedo »,
« Kanagawa », « tsunami », « sumotori » « Fuji »… il n’empêche que le vrai
sujet de cette chanson demeure « l’œuvre dans l’œuvre » puisque que
l’œil halluciné de Van Gogh contemplera avec passion la peinture japonaise
avant d’aller se cramer dans son propre feu.
Debussy, lui aussi, impressionné par « La Vague »,
composera « La Mer »…
Quant à Lulu Borgia, elle a capturé le fameux « cheval
au galop » qui donne le tempo à la marée du Mont Saint-Michel pour
s’élancer dans notre chanson :
Des exemples d’œuvres générant des œuvres, il y en a une
multitude d’autres.
Si l’on se concentre sur Villon, on peut même dire que le chef-d’œuvre a enfanté
d’autres chefs-d’œuvre.
J’en veux pour illustration le poème de
« l’Autre », « le Monstre » !… Arthur Rimbaud !
Le swingueur infernal du « Bal des pendus ».
« Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du Diable,
Les squelettes de Saladin…
…
Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées
Un morceau de chair tremble à leur maigre menton :
On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées,
Des preux, raides, heurtant armures de carton… »
La référence à Villon est absolue.
Rimbaud et Verlaine étaient « fondus » de l’œuvre
du gars François.
D’ailleurs je vous invite à écouter cette extraordinaire
version des frères Saglio qui prouve qu’on peut faire du rap d’excellente
qualité sans se limiter aux figures imposées par le genre et sans ânonner les
sempiternelles mêmes âneries.
Mais ça, Nougaro l’avait déjà montré avec le très percutant « Paris
mai ».
Bien sûr, les puristes, « les spécialistes » ne
manqueront pas de me faire remarquer que Nougaro ne portait pas la casquette à
l’envers (ce qui authentifie la qualité de rappeur) et qu’à l’époque ça ne s’appelait pas encore
« rap ».
Ce à quoi je répondrai : «… Merde ! »
En tout cas, si vous voulez écouter un truc grandiose avec
les « Saglio brothers », cliquez vite sur le lien qui
suit. J’entends Rimbaud dans son cercueil qui marque le rythme avec son
moignon ! The zombie beat box, quoi…
Et Théodore de Banville, terriblement influencé par Villon,
lui aussi écrira « Le verger du roi Louis » que Brassens magnifiera
encore avec une de ses mélodies de derrière la pipe !
« Sur ses larges bras étendus,
La forêt où s'éveille Flore,
A des chapelets de pendus
Que le matin caresse et dore.
Ce boit sombre, où le chêne arbore
Des grappes de fruits inouïs
Même chez le Turc et le More,
C'est le verger du roi Louis… »
La forêt où s'éveille Flore,
A des chapelets de pendus
Que le matin caresse et dore.
Ce boit sombre, où le chêne arbore
Des grappes de fruits inouïs
Même chez le Turc et le More,
C'est le verger du roi Louis… »
Il faut dire que le poème de Rimbaud fut pour moi, dès la
petite enfance, auréolé de malédiction.
J’avais sept ans quand on retrouva un voisin, un adolescent,
pendu dans sa chambre.
Je ne comprenais alors pas très bien ce qui se passait, ne
saisissant que des bribes des conversations d’adultes.
Il se murmurait dans Dun-sur-Auron qu’on avait retrouvé dans
sa poche un étrange poème : « Le bal des pendus » d’un certain
Rimbaud.
Ainsi donc, les vers de Rimbaud renfermaient-ils assez de puissance
maléfique pour amener quelqu’un à se suicider…
Au long de ma scolarité (assez courte), je n’ai pas rencontré
Rimbaud (J’ai juste buté sur un crétin de prof qui se targuait de nous
expliquer en détail « Le Bateau Ivre » !
Quel con ! Il faut que je demande à Lucchini d’aller lui
tirer les oreilles !)
Heureusement que j’ai rencontré Brassens, Ferré, Thiéfaine et
tous les autres qui ne se sont pas fourvoyés dans les explications mais qui ont
su faire œuvre de transmission.
Et avec quel talent ! !
J’en profite pour rendre hommage ici à Jacques Mastrojanni,
directeur de l’école Du Guesclin à Aulnay-sous-bois au joyeux temps des
seventies. Il fut mon prof de français en 3ème.
Le bonhomme, surnommé « Bizu » par les galopins
facétieux, n’était pas exactement ce que l’on peut appeler « un
rigolo »… Il ressemblait comme deux gouttes d’encre à Monsieur De
Mesmaeker dans Gaston Lagaffe et, pour tout dire, nous faisait même un peu
peur.
Et pourtant, c’est lui qui m’a fait entrer dans la grande et
belle déconnade rabelaisienne avec « Gargantua » et
« Pantagruel » ! Je me suis empressé de transmettre mon
engouement pour Rabelais à mon fils avec qui nous nous poilons régulièrement et
intensément en écoutant les fantastiques enregistrements que l’on peut trouver chez
« Frémeaux & Associés » avec Philippe Noiret, Jacques Villeret et
toute une bande de comédiens de première bourre !
Tout cela pète de vie grâce aux bruitages et autres effets
sonores !
Une pure merveille à découvrir sans attendre !
C’est également Jacques Mastrojanni qui écrivit en haut de
l’une de mes rédacs qu’il lisait souvent en classe : « Vous avez un
style d’écrivain. » quand d’autres prévoyaient pour moi un avenir « de bon
employé » !…
C’est comme ça. Il arrive dans la vie que vous marchiez du
pied gauche sur des super-extralucides… des voyants… C’est pas pour rien qu’ils
sont profs principaux… Même que s’ils avaient voulu, ils auraient très bien pu
investir la roulotte de Madame Irma à la fête à Neu-Neu !... ou... J' sais pas
moi... vendre des gaufres !… Hein... Quand on a du potentiel !...
Tout ça pour dire que j’ai
lu « Le Bal des Pendus » assez tard avec l’impression de
manipuler de la nitroglycérine.
Inutile de dire que je fus instantanément scotché par la
puissance, les images et la musique qui jaillissaient du texte maudit.
Et notre Jacques Higelin national ?… Il n’aurait pas été
influencé par Villon, lui aussi, avec l’excellentissime « Je suis mort.
Qui dit mieux ? » ?…
Même notre nouveau « Prix nobel de littérature »,
Bob Dylan, se fendra en 1964 d’un « Outlined épitaph », texte
figurant au dos de l’album « The times they are a-changin’ » en
référence (révérence ?) directe à Villon.
J’arrête là avec les chansons.
Vous trouverez toutes les références à la fin de
« François Villon, corps à cœur »
Parce que y’a la chanson, mais aussi la sculpture (voir le
spot du 2 octobre « Une œuvre, des œuvres » consacré à au
« troubadour / Villon » de Jean-François Etcheto. )
Il y a Rodin avec
« La belle heaumière » et l’étonnante statue biface de la même
heaumière de René Collamarini.
Quant à aborder les « objets littéraires »
découlant de Villon cela équivaut à plonger dans un océan d’études, de
biographies, de poésies, d’analyses…
Ne prenons, pour le plaisir, que quelques exemples.
Bruno Daraquy dans l’interview accordée à « La clé des
ondes » https://www.youtube.com/watch?v=pJrGeI5eO-M établit un lien
évident entre le « Je plains le temps de ma jeunesse de Villon » et
« La chanson du gâs qu’a mal tourné » de Gaston Couté.
Et puis au début du 20ème siècle, Jean Richepin,
avec sa « Chanson des gueux » ne savait pas qu’en pastichant Villon,
il écrivait les paroles de grandes chansons de Brassens.
Enfin, j’ai découvert très récemment que Dante Gabriel
Rossetti, le célèbre peintre préraphaélite dont on peut voir actuellement des
toiles au Petit Palais dans l’exposition « Oscar Wilde, l’impertinent
absolu », avait signé une adaptation de « La Ballade des dames du Temps
Jadis » : « The ballad of dead ladies ».
Étrangement, Dante Gabriel Rossetti côtoie les œuvres de
Villon dans « Monsterland », mon recueil de nouvelles fantastiques
pour lequel j’ai signé les illutrations avec mon camarade Le Discot. (chez Yil
édition)
L’étrangeté de la chose - d’autres préféreront invoquer le
hasard - réside dans le fait que j’ignorais complètement au moment de
l’écriture que Rossetti s’était passionné pour Villon.
![]() |
![]() |
Dans un tout autre état d’esprit : Dubout illustrant
Villon. Génial !
Ici « Le Pet au Diable » |
![]() |
http://fr.ulule.com/francois-villon/ |
Mais, je crois que je radote… J’ai déjà dû parler de ça dans
le spot du 2 octobre où j’évoquais les rapports de Villon avec la bande
dessinée.
Il est temps pour moi, d’arrêter.
Par contre, il y a une chose qu’il ne faut pas arrêter de
faire, c’est d’aller sur Ulule pour permettre à mes copains Malto, Daraquy,
Bezert et Garrigou de vous régaler d’un enregistrement de 17 chansons autour de
François Villon.
On y est preeeeeeeeesque !
Alors, rendez-vous sur http://fr.ulule.com/francois-villon/
MERCI À TOUS CEUX QUI NOUS AIDENT, NOUS ONT AIDÉS ET NOUS
AIDERONT !
Afin de mieux vous éclairer sur ce que nous proposons, vous
pouvez cliquer sur les différents liens qui suivent :
D’abord, deux articles dont le plus récent vient de paraître
dans « Le Progrès » il y a 3 jours.
et l’article de Michel Kemper consacré à la création de
« Frères humains, 17 chansons autour de François Villon »
On peut suivre l’évolution de l’opération et aussi trouver des extraits du
livre, des illustrations et des documents sur :http://jp-joblin.blogspot.com
https://www.facebook.com/spectaclesbrunodaraquy/?fref=ts
https://www.facebook.com/Jean-Pierre-Joblin-textes-et-des…/…
Vous pouvez en apprendre encore plus sur ce projet et le futur spectacle qui en découlera en écoutant Bruno Daraquy vous en parler de vive voix dans l’émission de « La clé des ondes ». Il suffit de cliquer sur ce lien :
https://www.youtube.com/watch?v=pJrGeI5eO-M
Un petit teaser, vous permet également d’entendre des extraits de chansons enregistrés pendant des répétitions.
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