lundi 3 octobre 2016

25 JOURS POUR FRANÇOIS VILLON… « La Ballade des seigneurs du temps jadis »



 


A droite, un chevalier ressemblant étrangement

(enfin, pas si étrangement que ça !) à l’acteur

suédois Max Von Sydow dont la tronche me terrifia

dans « Le septième sceau» de Bergman …

Il fallait bien une tronche comme la sienne pour

affronter la Mort… en personne !

J’ai réalisé cette gouache pour « L’histoire du Monde »

dans la collection les Encyclopes aux éditions Milan.
Henri Del Pup et Robert Pince en ont signé les textes.

Dans la « Ballade de seigneurs du temps jadis », Villon  hisse sur le même socle que l’empereur Charlemagne (rendu célèbre par « La Chanson de Roland ») des  seigneurs, des chevaliers contemporains (ou appartenant à quelques générations précédentes à la sienne comme Du Guesclin « Clacquin le bon breton »).

On aurait tort de ne voir dans cette ballade qu’une parade, un défilé de paladins mythiques.

En effet ce poème avec « La Ballade des dames du temps jadis » et « L’autre Ballade (en vieux langage françois) », forme une sorte de triptyque

Et ces trois textes ne parlent que d’une chose : Le temps qui passe et qui ne reviendra plus avec au bout, la camarde.

Voilà bien ce qu’il faut entendre dans le vers  qui revient en refrain : « Mais où est le preux Charlemagne ? »…

Il est avec tous les autres. Il est cané.

Et l’envoi de « La Ballade en vieux langage Françoys » ne dit pas autre chose.

« Prince, à mort sont tous destinés

Et tous autres qui sont vivants

S’ils en sont courcés n’atinés  (Que ça leur plaise ou pas)

Autant en emporte le vent ! »



Et revoilà la danse macabre !…

Princes, papes, bourgeois, rufians… tous sont embarqués sur la même nef.

Et elle vogue vers le Styx.



Les princes, les grands seigneurs, Villon les côtoiera.

Les plus marquants seront René d’Anjou, « le roi René » car son titre honorifique est « Roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem » et Charles d’Orléans, un autre poète !

Chez René d’Anjou, rimeur à ses (riches) heures, peintre et sans doute danseur, François assistera à une comédie qui préfigurera les minauderies champêtres de Marie-Antoinette dans sa bergerie du Petit Trianon.

C’est qu’à partir de 1400 les intellectuels et les grands seigneurs, rousseauistes avant l’heure, célébrèrent les bienfaits et la pureté des plaisirs agrestes, les joies simples et rustiques des campagnards.

Christine de Pisan écrira quelques poèmes du genre.

L’évêque, Philippe de Vitry créera le personnage de « Franc Gontier ».

Un gars tout ce qu’il y a de recommandable, franc du col, honnête, droit, aimable, fidèle, sobre et toujours prêt à pique-niquer sous les ramures avec sa compagne, la doulce Hélène.

Il annonce le Jacques bonhomme qui désignera le paysan dans l’imaginaire aristocratique.

Villon est sans doute allé à Angers, peut-être a t-il un temps goûté les fantaisies de « roi » René. Celui-ci avait transformé sa cour en pays de Candy.

Les moutons y étaient parfumés, les canards enrubannés et il faisait gambader sur les gazons bénits de jeunes et gracieuses donzelles dont la nudité était à peine cachée par leurs fins voilages tandis que de petits joueurs de flûtiaux pipeautaient des aubades.

On ignore pourquoi Villon ne s’est pas attardé en ces lieux enchanteurs,  un genre de Disney land…

Peut-être que le fait de voir toute cette assemblée de nantis préférer l’eau claire au vin dont regorgeaient leurs caves, et le pain bis au faisan à la royale qu’ils s’empressaient d’engloutir quand ils en avaient marre de singer les pauvres ; peut-être que tout cela l’a gonflé et qu’il a décidé de retourner dans la vraie vie.

C’est que les folies des princes étaient sans limites.

On raconte qu’aux noces de Charles Le Téméraire, on présenta une baleine ( ! ) d’où sortirent des maîtres queux portant les plats qui composaient le festin.

Teulé  écrit dans « Je, François Villon » qu’on servait des tourtes qui lorsqu’on en soulevait le « chapeau », libéraient des oiseaux qui s’envolaient en piaillant après avoir copieusement chié dans le pâté.

C’est chouette d’avoir des couilles en or, de ne s’être donné la peine que de naître, de poser son cul sur un trône en invoquant le droit divin. Indiscutable !

C’est rassurant de vivre des rentes que procurent dîme, taille, droit de banalité et  champart.

Vous pensez s’il est confortable, alors, de jouer les p’tits pauvres dans un solide château rempli de valets et d’échansons qui vous verseront les meilleurs nectars quand d’aventure, vous vous lasserez de jouer au péquenot.

Villon rapportera de cette escapade « exotique » « Les contredits de Franc Gontier » où il pastiche Philippe de Vitry et son « Dit de Franc Gontier ».

Il ponctuera les strophes de ce vers d’évidence :

« Il n’est trésor que de vivre à son aise ! »…

Plus tard, François se retrouve à la cour d’Orléans chez le duc Charles.

On ne sait si notre rimeur bénéficia de lettres de recommandation comme ce fut le cas pour pénétrer en la cour d’Angers.

Toujours est-il que ses vers figurent bel et bien dans un album ayant appartenu à Charles d’Orléans.

Après avoir été fait prisonnier à la bataille d’Azincourt, le prince poète, frère de Charles VI, demeura captif dans la Tour de Londres pendant vingt-cinq longues années.

Revenu en France, Charles vit que l’esprit chevaleresque avait disparu.

Le monde avait changé.

Il s’entoura d’amis, de rimeurs et de livres qu’il n’abandonnait que pour jouer aux échecs, chasser ou faire des promenades en bateau sur la Loire.

Mais ce qu’il préférait, c’était composer des vers et goûter ceux d’autres poètes.

Il copiait ses rondeaux et ballades dans un volume de parchemin et conviait volontiers les poètes, visiteurs de passage à y laisser leurs productions.



Charles d’Orléans, les écoliers le connaissaient encore il y a quelques années pour son Rondeau « Le Printemps » que Michel Polnareff a mis en musique en 1968.

« Le temps a laissé son manteau

De vent, de froidure et de pluie

Et s'est vêtu de broderie

De soleil luisant, clair et beau".



Villon se lancera dans différentes joutes poétiques initiées par le Prince.

Entre 1458 et 1460, il  composera une ballade sur le thème de la contradiction, « Je meurs de soif près de la fontaine ». C’était l’un des sujets préférés des poètes qui aimaient ainsi à exprimer le dérèglement psychologique dans lequel les avait plongés quelque dame de cœur dont ils s’étaient épris et qui les avait éconduits.

Le poète parisien connaissait bien la poésie courtoise puisqu’il avait composé en l’honneur de Robert d’Estouteville, le prévôt de Paris, sans doute en relation avec Guillaume de Villon, sa « Ballade pour un gentilhomme nouvellement marié ».
On pouvait y lire en acrostiche le nom de la prévote : Ambroise de Loré.

   

Villon ne demeurera pas plus à la cour de Blois qu’à celle d’Angers.

L’historien Pierre Champion pense que François devait être en prison à Orléans quand la petite princesse Marie fit son entrée solennelle dans la ville et qu’à cette occasion il aurait écrit son « Epitre à Marie d’Orléans »…

L’incorrigible François bénéficia donc de cette entrée et de la tradition qui voulait qu’on élargisse les prisonniers de la cité.

Toute cette période est assez brumeuse…

Villon séjourna peut-être par deux fois chez le duc Charles… Rien n’est sûr.

C’est sans doute après ces périodes « fastes » qu’il fréquenta les coquillards de près…une sorte de séjour linguistique en somme, pour perfectionner son jargon ou jobelin… !

Merci à ceux qui continuent de nous aider sur http://fr.ulule.com/francois-villon/

Il ne reste que 25 jours pour rassembler la somme nécessaire à l’enregistrement des 17 chansons…



Vous pouvez suivre l’évolution de l’opération et aussi trouver des extraits du livre, des illustrations et des documents sur :




 
René d’Anjou et sa citadelle à Angers.

Un extrait de « François Villon, corps à cœur »


Un extrait de « La Légende Dorée »

dessinée par Olivier Le Discot (éd Vents d’Ouest)

 où le chef des coquillards, « Le grand Taupier »

énumère quelques impôts de l’époque…
http://www.dailymotion.com/GLENATBD/video/x6zdpq_clip-legende-doree_fun




Charles d’Orléans devait un peu ressembler au personnage. C’était un grand amateur d’échecs.
Source doc : « Les hommes du Moyen âge » Florent Véniel éditions Errance
Et « Vivre au Moyen âge » «Les yeux de la découverte » Gallimard


Villon a du porter ce genre de costume. 
Chausses semelées, pourpoint court, braguette retenue 
par des aiguillettes, le bonnet s’appelait « barrette ».

Source doc : « Les hommes du Moyen âge » Florent Véniel éditions Errance

En bas, une case extraite d’un album de Gilles Chaillet : « Vasco » « Sortilèges » aux éditions Le Lombard. Pour avoir réalisé les crayonnés des décors de l’album, je peux vous dire que les perspectives d’intérieurs demandent pas mal de boulot pendant pas mal de temps… Bref, les banquets auxquels devaient être convié Villon ressemblaient parfois à cette image… Sauf quand le roi René décidait de jouer les frugaux pastoureaux !

Charles d’Orléans recopiant le poème d’un hôte dans son album ( ? )


La ballade pour Robert d’Estouteville

et sa traduction en français moderne.

On remarquera l’acrostiche formant

le nom « Ambroise de Loré »,
l’épouse du prévôt de Paris.







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