jeudi 22 septembre 2016

36 JOURS POUR FRANCOIS VILLON « La belle abbesse »

financement participatif sur http://fr.ulule.com/francois-villon/

 « Témoin : l’abbesse de Pourras
Qui fut, qui reste et restera
La plus glorieuse putain
De moines du quartier latin. »
Georges Brassens  « Le Moyenâgeux »

Le 5 juin 1455, au soir de la Fête Dieu, Villon vient de mettre un coup de dague à Sermoise, un moine maquereau qui lui a entaillé la lèvre pour une histoire de fille. Bien que blessé mais devenu fou furieux, le moine poursuit François dans le cloître de l’église Saint-Benoit.
Villon prend alors une grosse pierre et l’abat sur la tonsure du moine qui agonise bientôt à ses pieds.
Dès lors, François, pris de panique, décide de se mettre au vert.
Il quitte Paris.
Après quoi, des faits plus ou moins légendaires vont s’entremêler aux informations purement historiques.
C’est là tout le charme de l’histoire de Villon.
Il écrit dans « Le Testament » :

« Item, donne à Perrot Girart,
Barbier juré de Bourg-la-Royne,
Deux bassins et un coquemart (récipient à eau)
Puis qu’a gaignier met telle peine. (puisqu’il court après les sous)
Des ans y a demie douzaine  (il y a environ six ans)
Qu’en son hostel de cochons gras
M’apatella (me reput) une semaine
Tesmoin : l’abbesse de Pourras » (J’en prends à témoin l’abbesse de Port-Royal)

Pierre Michel dans ses annotations des œuvres de Villon, laisse entendre que ce Perrot Girart aurait tenu une maison de passe à Bourg-la-Reine.
Certaines interprétations voient dans les « deux bassins et le coquemart », de  quoi prendre le minimum de précautions hygiéniques avant d’aller tringler « les fillettes ».
Et puis « coquemart »  évoque le volatile dont le passe-temps favori est de sauter les poules…
Et puis « coquemart » sonne comme « braquemart » qui, au Moyen âge désignait également l’épée.
Et puis dans le vers « Puis qu’à gaignier met telle peine », certains voient l’affirmation de l’âpreté au gain de Perrot -sans doute très prompt à encaisser le prix de la passe -…
Villon dit ensuite qu’il a, six ans auparavant, été nourri de cochons gras par le même Perrot…
A moins que par « son hostel de cochons gras » il ne faille entendre, « son bordel de paillards pansus »…
On est fort tenté de le croire puisqu’il dit que l’abbesse de Port-Royal fut témoin de tout ça !
C’est pittoresque. C’est gaulois. Et ça vous a tout l’attrait canaille d’une chanson de salle de garde.
Mouais…
Le médiéviste Jean Favier se montre nettement plus réticent à affirmer que François aurait rencontré cette fameuse abbesse libertine.
Il faut, je pense, voir là, une plaisanterie de Villon.
Sans doute, s’est-il caché à Bourg-la-Reine (que l’on nommait familièrement Pourras) pendant 7 mois.
Sans doute trouva-t-il refuge chez Perrot Girart qui était peut-être tenancier de bordel…
La réputation de Huguette Du Hamel, abbesse de Port-Royal s’apparentait aux peopleries qui fleurissent autour de D.S.K.
Dire, qu’on a rencontré l’abbesse à Port-Royal, c’est comme raconter à quelqu’un qu’on est tombé nez à… nez avec le queutard au peignoir léopard, au Carlton lors d’une soirée lilloise.
La blague est tentante…
Ce qui est vrai c’est que la belle Huguette, partageait volontiers… sa couche et refilait contre argent sonnant et trébuchant de jeunes nonnes à qui elle faisait prendre des bains en compagnie de vieux dégoûtants.
Fille d’abbé, entrée en religion vers 1439, Huguette Du Hamel devînt abbesse de Port-Royal à la mort de Michelle de Langres en 1454.
L’abbesse avait déjà une réputation de chaudasse notoire.
Après les ravages de la guerre, elle relança l’activité de l’abbaye avec une première novice et puis tout un petit groupe.
L’abbesse avait un amant régulier en la personne d’un certain Maître Baudes qu’elle avait établi  comme « procureur de l’abbaye ».
Maître Baudes rendait souvent visite à l’abbesse qui venait le voir à Paris… Tous deux « se frottaient leur lard et jouaient au jeu de la bête à deux dos » (Rabelais « Gargantua »)  , exécutaient « le demi-tour sur la carpette et le petit train japonais » ! (Jean Yanne « Rouvrez les Maisons »).
Pendant 15 ans, tribade  parmi les tribades, la « gaite » Huguette, courut joyeuses et gaillardes assemblées, et brilla dans les amoureuses lices et ce que l’on n’appelait pas encore « partouzes ».
Et puis, un beau jour, elle parti, la cuisse légère avec la caisse de l’abbaye sous le bras et son amant du moment sous l’autre.

Cette histoire d’abbesse débauchée qui aurait, comme ça, nourri Villon en lui offrant les multiples réconforts de ses nonnes délurées, m’a toujours laissé dubitatif…
Quand je pense à ça, je revois toujours la séquence du « Sacré Graal » des Monty Python où sir  Galahad  à qui le graal est apparu au dessus d’un couvent, toque à la porte du saint lieu. C’est alors que les battants s’ouvrent sur de jeunes novices dont les anatomies sont à peine voilées par de fines chemises. Et toutes sont excitées comme des puces devant le chevalier de la roun’d taïbol !
C’est drôle, fantasmatique… mais je doute que François Villon ait connu un jour pareille situation…
Je ne pouvais toutefois dédaigner l’évocation de cette figure truculente. C’est pourquoi j’ai représenté l’abbesse au bain avec l’une des novices… Elles semblent inviter le lecteur à les rejoindre dans l’étuve.
Les étuves de Paris (bains publics) étaient de hauts lieux de débauche et l’on y bâfrait, buvait, jouait, fixait des rendez-vous galants ou d’affaires diverses.
Parmi les chansons que nous prévoyons d’enregistrer, Bruno Daraquy et ses musiciens en interprètent une en mode polyphonique « Jenin l’Avenu ».
Villon écrivit ce rondeau satyrique, en jouant sur les sons « L’Avenu » « là venu » et « lave nu ».
A l’époque, Jenin était synonyme de cocu.
Jénin l’avenu c’est celui qui étant avenu au mauvais moment, demeure ébahi devant la preuve incontestable de son cocufiage.
Il demeure bouche bée, l’air crétin.
« Jenin l’Avenu
Va-t-en aux étuves
Et te laves nu
Jenin l’Avenu

Lave-toi tout nu
Baigne-toi dans les cuves !
Jenin l’Avenu
Va-t-en aux étuves… »

Le conseil que donne Villon à l’infortuné, n’est pas d’ordre hygiénique mais curatif.
En effet, les bains chauds dans les étuves étaient censés soigner la vérole.

En ce 36ème jour  d’avant la fin de l’opération Ulule pour que Bruno Daraquy puisse enregistrer le fameux disque sur Villon dont nous rêvons et qui accompagnerait le livre « François Villon, corps à cœur » nous espérons que l’enthousiasme des contributeurs ne va pas retomber.
N’hésitez pas à jeter un œil sur http://fr.ulule.com/francois-villon/ et cinq, dix, quinze, trente… euros  dans notre sébile
Faites connaître l’opération autour de vous.
J’exprime mes plus vifs remerciement à tous ceux qui y ont déjà participé un peu ou beaucoup.

D’un point de vue « stratégique », la production du disque est très importante car elle va nous permettre de toucher certaines « grosses » antennes de radio et de présenter l’ouvrage dans les festivals et lieux de spectacle en plus des salons du livre « classiques ».
C’est une vraie et belle aventure que je voulais voir se concrétiser depuis longtemps. Elle n’a jamais été si près d’aboutir grâce aux talents conjugués de Yil, de Malto, du grand Bruno Daraquy et de ses musiciens : Laurent Bézert et Thomas Garrigou !
                       

Vous pourrez suivre la progression de l’ouvrage mais aussi trouver des extraits du livre et des documents sur le Paris de Villon sur :



Vous pouvez lire l’article que Michel Kemper consacra au spectacle « Frères humains, 17 chansons autour de François Villon, ici : http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2012/04/29/bruno-daraquy-pcc-francois-villon/



36 jours encore pour réunir les fonds pour l’enregistrement du disque… Alors…
http://fr.ulule.com/francois-villon/

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Le plus beau sourire de l’abbesse Huguette Du Hamel. 
Crayonné et finalisation…

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Extrait de « Sur les pas de François Villon »
 bio mêlant texte, roman-photo, BD et illustrations 
réalisés avec les élèves de 5ème 6 du Collège Eric Tabarly 
de Pavillons-sous-bois en 2014/2015 pendant un parcours 
artistique proposé par l’association Bulles Zik 
et le Conseil général de la Seine-Saint-Denis.
Les photos sont de Claire Xavier http://clairexavier.blogspot.fr
Et c’est Tony de la troupe d’escrime artistique « Les frères de Lices » 
qui tenait le rôle de Villon dans l’altercation 
qui devait se terminer par le meurtre du prêtre Sermoise.

Un barbier tel que celui chez qui Villon courut se faire recoudre 
en déclinant une fausse identité : Michel Mouton.
(Source doc : 
« Les hommes du Moyen âge » de Florent Véniel éditions errance)

Les activités d’un barbier…

L’abbaye de Port-Royal telle que l’ont représentée Théophraste 
et Marau dans la BD « François Villon, une vie dissolue » 
parue en 1997 chez Glénat dans la collection « Le Marquis »
La reconstitution 3D à droite, traduit bien la tranquillité 
à laquelle pouvait aspirer Villon en s’y rendant 
et celle dont Maître Baudes jouissait 
pour y lutiner l’abbesse et ses nonnettes…
N’allez pas imaginer, une austère moniale 
vêtue de noir. Non, la belle Huguette arborait 
des toilettes plus colorées que celles 
de Roselyne Bachelot et de la Queen Elizabeth !
C’est ainsi qu’elle apparut en rose dans un téléfilm…

Les étuves ! Entre deux galipettes, on y déambulait cul nul 
en croquant une cuisse de poulet ou en vidant un pichet 
de vin de Beaune. On pouvait y fixer des rendez-vous 
avec des marchands ou des… coquillards… Il n’était pas rare 
qu’on y choppât la chtouille et les sept maladies… 
Les médecins de l’époque qui en avaient sous le bonnet, 
préconisaient de prendre des bains chauds aux étuves 
pour se faire un peu passer la vérole.
La science avait décidément de beaux jours devant elle !

financement participatif sur http://fr.ulule.com/francois-villon/







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