lundi 26 septembre 2016

32 JOURS POUR FRANÇOIS VILLON « Frères humains qui après nous vivez… » François Villon « Ballade des pendus »


financement participatif sur http://fr.ulule.com/francois-villon/



32 JOURS ! http://fr.ulule.com/francois-villon/


Avec « La Ballade des dames du Temps Jadis » qu’interpréta Brassens, ce fut « La Ballade des Pendus » interprétée par Reggiani qui m’interpella.

La musique de Louis Bessières avec ses cuivres un peu rudes, ces tambours mortuaires et le tourbillon obsédant de l’orgue, vous transporte au Moyen âge et dans l’autre monde.

Génial !

Je devais avoir une quinzaine d’années quand mon oncle Pierrot me fit découvrir cette merveille (avec Brassens, Gainsbourg, Nougaro, Sanson et Le Forestier).

Je ne m’en suis jamais lassé.

Aussi, lorsqu’il s’est agi de demander à Malto d’en composer une nouvelle version pour « François Villon, corps à cœur… », la tâche me sembla-t-elle extrêmement ardue.

Léo Ferré, en a bien donné une version originale et poignante en mêlant l’un de ses textes au « monument », mais elle est plutôt déclamée et ça donne « L’amour n’a pas d’âge ».

Alors ?… Quoi faire après ces cadors ?…

Il fallait trouver quelque chose qui soit très bien et bien sûr, différent.

Avec son calme habituel, Malto s’est attelé à la chose. Il a composé une mélodie sereine et dont l’esprit apaisé n’en rend le texte que plus touchant, plus inquiétant, plus frappant.

Daraquy a l’intelligence de demeurer lui aussi, dans un « outre temps », déjà esprit, déjà volatil.

Ça me fait penser à « Saint Max » une chanson d’Allain Leprest

(génie mal connu et pendu notoire) :

« Quand j’ s’rai dev’nu du gaz

Quans j’ s’rai dev’nu du jazz

 dans le sax du Bon Dieu …»



La voix profonde, calme, définitive, de Bruno n’en délivre que mieux les vers de Villon sur

l’ arrangement « nocturne » de Laurent Bezert, qui dispose quelques harmoniques judicieuses là où il faut.

Je suis d’autant plus à l’aise pour en parler que je ne suis intervenu en aucune manière sur cette adaptation « inloupable ».

Mes petits camarades se sont mis « au niveau » et le résultat est saisissant.

On ne parle jamais assez des compositeurs, des arrangeurs et des interprètes.

Le texte est roi. Le texte est évident et tout quidam un tant soit peu alphabétisé se croit autorisé à en causer.

Mais ce qui permet aux mots de voyager, c’est le tempo, c’est la mélodie imaginée par le compositeur…Tout un savoir faire… Une technique, une sensibilité, une culture…

Et ce n’est pas tout. Encore faut-il que les bonnes syllabes tombent sur les bonnes notes ; ce que savent très bien faire des gens comme Bernard Lavilliers, William Sheller, Véronique Sanson et tous les grands « monstres » dont je n’arrête pas de vous rebattre les oreilles.

Le père Brassens disait « On peut être à peu près analphabète et à avoir le don de poser les bons mots sur les bonnes notes ».

Et puis, pour que la magie opère, il faut l’intelligence de celui qui lance les mots.

Un interprète de génie comme Jean Guidoni est capable d’un soir à l’autre, avec exactement le même texte, la même musique et les mêmes arrangements de faire passer une émotion et des sentiments complètement différents. 

Apparemment, les crétins qui font la pluie et (rarement) le beau temps dans les médias ne s’en sont jamais aperçus. Ils sont trop cons. Ils préfèrent inviter d’improbables rappeurs à casquettes, à bonnets, à tatouages, à froc déchiré aux genoux, à froc sur les chevilles, à bagouzes, à chaîne, à sourcils savamment tailladés, à cheveux onctueusement gominés ou a calvitie contrôlée qui viennent ânonner leur indigence lexicale sur tous les plateaux. Qu’importe !

C’ est ça qu’on appelle des mecs « stylés » !

C’est vrai. J’exagère. Ils invitent aussi des couineuses à jupes ceintures qui nous entretiennent de leur…. « univers »… de pétasses et parfois de grognasses.

Qu’importe qu’elles aient le QI d’une huître à marée basse dans Puy de Dôme, du moment qu’elles sont magnifaill’ques !

Quelle farce ! Quelle merde !

Les commerciaux ont gagné ! Il est bien plus facile de produire et de vendre 1000 « Rap ta mère » qu’une chanson de Brel, ou de Leprest, ou de Nougaro…

Faut le temps pour faire Nougaro, faut avoir enduré certaines frustrations pour faire Gainsbourg. Faut travailler son instrument, son art, pour faire Sheller…

Brassens sortait un album tous les 4 ans et il trouvait encore que c’était un peu précipité… Qu’il n’avait pas tant de choses intéressantes à dire dans un laps de temps aussi rapproché.

Tout ça a bien changé…

Il faut produire tout et n’importe quoi… Bien fait, mal fait, peu importe… du moment qu’on va pouvoir le vendre.

Qui aujourd’hui produirait Caussimon… à part Pierre Barouh ?… Mais il est vrai que lui n’est pas dans la logique des golden boys… Sinon, nous aurions encore moins de chance de connaître des Gérard Pierron ou des Ansaloni…

Mais je m’emporte. Je m’agace. Je m’énerve. C’est pas bon. C’est pas bien. Ça fait « aigri ». Pire, ça fait ringard !

Alors qu’il est bien mieux vu de lécher consciencieusement le fion de tout ce qui peut s’apparenter à du djeun, à du coooool, à du tendance… et c’est encore plusse mieux quand c’est du djeun macdonaldisé, du coooool trop cooooool et des tendances bancable… (Enfin, dans les secondes où elles le demeurent !).

Je disais qu’on ne prêtait pas assez attention aux compositeurs et aux interprètes comme on se fout éperdument de la qualité des dessinateurs de BD ou des illustrateurs qui pour une majorité d’imbéciles ne sont que des exécutants, des grouillots de l’Auteur.

Je regardais récemment une émission sur Hergé.

Tout le débat fut principalement axé sur les sujets qu’il a traités, son esprit, les fameuses injures de capitaine Haddock. Mais rien, rien sur le vocabulaire graphique, rien sur ce très fragile équilibre qui existe en l’épaisseur d’un trait et ce que ce trait traduit… rien sur l’encrage… rien sur les couleurs… rien sur la composition… rien sur la narration graphique, rien sur l’enchaînement des plans…

Qui sait ce qu’est une image ?… Qui peut en parler ?… Trois ou quatre journaleux spécialisés… Mais qui va les comprendre ?… Vu qu’aucun décodage de ce qu’est la communication visuelle n’est enseigné  au bon peuple qui se contente d’avaler des flots d’images sans sourciller… sans se demander pourquoi elles sont ainsi agencées et ce que ceux qui les lui diffusent veulent qu’elles signifient…

Et ce n’est pas les malheureux du 20h qui comme tous les ans, au moment d’Angoulême, vont nous servir toujours les trois mêmes noms et les trois même platitudes qui vont faire bouger les choses.

Quand je pense qu’il aura fallu attendre 2016 pour qu’un auteur comme Hermann soit un peu distingué (je veux dire « visible du grand public»). Quand je pense qu’en dehors du milieu BD, Riff Reb’s est inconnu !…

Je préfère encore retourner au 15ème siècle, tiens !

Avec « La Ballade des Pendus », Villon saisit son auditoire illico.

« Frères humains »… ?… Qui dit ça ? Qui parle ? Qui peut attaquer une discours comme ça ? On ne connaît pas encore E.T… Alors… qui ?… Les morts !… Et pas n’importe quels morts !… Ceux qui se balancent au-dessus des têtes des vivants au grand gibet de Montfaucon. Ceux qui renvoient sur Paris un fumet putride dans le vent d’été.

Plus aucun doute n’est permis avec « qui après nous vivez. »

Tout de suite s’installe le propos sur la condition humaine.

Si nous pouvons avoir une idée plus ou moins précise de l’Histoire Humaine qui s’est déroulée avant notre naissance, il est carrément frustrant de savoir que tout va continuer sans nous… et qu’on en aura autant conscience que lorsqu’on ne se soupçonnait même pas dans la rencontre hasardeuse d’un spermatozoïde et d’un ovule.

Notons que l’homme du Moyen âge a beaucoup moins de recul que nous pouvons en avoir sur le passé et le monde qui l’entoure, tant il est empêtré dans ses superstitions, dans un imaginaire complètement colonisé par la religion et privé du savoir en général.

Sans doute, sommes-nous, nous aussi « limités » par notre environnement culturel, et inexorablement pris (pour ne pas dire prisonniers) de notre époque.

Avec les découvertes scientifiques et technologiques qui s’annoncent, une autre ère, avec d’autres schémas de pensée, viendra-t-elle à poindre ?…

On peut à peine le concevoir mais pourtant…

Voilà, où m’entraîne le gars Villon avec sa « Ballade des Pendus » ; en pleine SF !

Il poursuit avec « n’ayez les cœurs contre nous endurcis ».

On pourrait croire qu’il s’agit juste pour les criminels de se faire pardonner leurs actes par les vivants.

Ça va beaucoup, plus loin.

Ce que disent les morts, c’est « Regardez-nous ! Regardez-vous !  Nos chairs qui pourrissent, nos os réduits en poudre sont les mêmes que les vôtres… Vous êtes composés de ce qui nous décomposent.

Nous avons été pendus par la Justice des hommes… Alors priez pour nous… Nous sommes faillibles, nous avons des défauts, mais nous ne sommes pas d’essence diabolique. Nous n’avons rien à foutre de l’Enfer. Nous sommes tombés, nous sommes des criminels mais nous sommes des humains comme vous, avec cette petite flamme, cette aspiration à être plus que de la matière organisée, oui, cette petite flamme que l’on appelle « âme ».

Et d’ailleurs, ne composons-nous pas tous la même humanité ?…

Alors ? …

Que l’humanité se regarde telle qu’elle est et qu’elle se présente humble et miséricordieuse à son créateur. »

Qui est coupable ?… Qui ? … finalement ?…

Villon et ses contemporains pensaient sans doute que Dieu seul avait la réponse.

Ça faisait une perspective.



C’est pas tout  ça… La pendule Ulule continue son décompte.

Il reste 32 jours.

32 jours pour rassembler la somme qui permettra à Bruno Daraquy et à ses musiciens de vous enregistrer les chansons dont je vous cause depuis quelque temps.

Alors si vous voulez nous aider, tous sur http://fr.ulule.com/francois-villon/


Où plein de copains et plein de gens que je n’ai pas encore la joie de connaître ont décidé de nous accompagner dans cette aventure. Un grand MERCI à eux !



D’un point de vue « stratégique », la production du disque est très importante car elle va nous permettre de toucher certaines « grosses » antennes de radio et de présenter l’ouvrage dans les festivals et lieux de spectacle en plus des salons du livre « classiques ».

C’est une vraie et belle aventure que je voulais voir se concrétiser depuis longtemps. Elle n’a jamais été si près d’aboutir grâce aux talents conjugués des souscripteurs, de Yil, de Malto, du grand Bruno Daraquy et de ses musiciens : Laurent Bézert et Thomas Garrigou !

                       

 Vous pourrez suivre la progression de l’ouvrage mais aussi trouver des extraits du livre et des documents sur le Paris de Villon sur :






 Vous pouvez lire l’article que Michel Kemper consacra au spectacle « Frères humains, 17 chansons autour de François Villon, ici : http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2012/04/29/bruno-daraquy-pcc-francois-villon/






Pour ceux qui aiment le tourisme, le gibet de Montfaucon 
c’était là.

Regnier de Montigny, l’excellent pote de Villon, 
fut pendu en 1457 au gibet de … Montigny !

Amusant n’est-il pas ?… Aussi, on n’a pas idée d’aller piquer 
un calice dans la sacristie de l’Eglise Saint-Jean-en-Grève… 
Faut dire qu’il avait aussi commis d’autres « bricoles »…

Le gibet de Montigny ne se  trouvait pas très loin de Montfaucon. 
Il était plus moderne… moins surchargé de pendus… 
moins vétuste… Un rêve !



On peut voir une magnifique reconstitution 3D du gibet de Montfaucon 
sur ce lien : Le gibet de Montfaucon http://www.dailymotion.com/video/x25mzpk_patrimoine-disparu-le-gibet-de-montfaucon_news


Cette chanson, vous pourrez l’entendre, si l’opération Ulule http://fr.ulule.com/francois-villon/arrive à nous faire rassembler l’argent nécessaire à l’enregistrement…


Il y a une reconstitution de Montfaucon pas mal du tout au début de la deuxième partie du téléfilm « La vie de François Villon » avec Pagny
https://www.youtube.com/watch?v=llwbl1a60sk

Et comme dirait François Morel : « Alleeeez, mon Brrrrrrrunoooo ! »


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