33
JOURS POUR FRANÇOIS VILLON
« … Et dans l’odeur des
fleurs qui bientôt s’éteindra
Je sais que j’aurai peur une
dernière fois. »
Jacques Brel (« Le
Dernier Repas »)
financement participatif sur
http://fr.ulule.com/francois-villon/
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33 jours !… 33 jours encore et nous venons de dépasser la moitié de la somme à réunir.
Ça monte… Ça monte…
Comme disait la môman de Napoléon : « Pourvou qué
ça doure ! »
Je suis sûr que si elle était encore de ce monde, elle
favoriserait les belles initiatives en se rendant sur
http://fr.ulule.com/francois-villon/ |
Celui qui va passer de vie à trépas se doit de prendre des
dispositions testamentaires.
Il peut même, s’il en a le temps, envisager de terminer sur un bon
mot.
Rien de tel pour épater la galerie une dernière fois que
d’afficher son dandysme et sa désinvolture face au néant.
Victor Hugo a dit en toute modestie : « Il est grand
temps que je désemplisse le monde ! »
Le bon mot peut parfois laisser place à un geste très… british, et
– ne reculons pas devant le néologisme- très
« beatlessien » ! comme celui de ce condamné à mort qui
pendant la Révolution, se trouvait acheminé en charrette vers la
guillotine sans interrompre la lecture de son livre et sans plus se soucier de
la foule qui l’entourait.
Quand il monta à l’échafaud, avant de refermer l’ouvrage et de le
tendre au bourreau, il ne manqua de placer le signet entre les pages où il
avait du interrompre sa lecture. (… ! …)
Bref, cette situation vraiment exceptionnelle qui marque la fin de
vie de tout un chacun ne pouvait que nourrir l’art poétique et la chanson
puisqu’il s’agit d’être bon et définitif !
Ainsi trouve-t-on beaucoup de très grandes chansons :
Trenet (« La Folle Complainte ») , Brassens (« Le
Testament », « Supplique pour être enterré sur la plage de
Sète », Brel (« Le Dernier Repas », « Le Moribond »,
« Vieillir »), Ferré (« Le Testament », « Le Chien »),
Barbara (« Y’aura du monde »), Nougaro (« Berceuse à
Pépé »), Gainsbourg (« Hey man, amen »), Véronique Sanson
(« Ma Révérence » ), Françoise Hardy (« Tant de belles
choses ») …
Tous écriront un testament
ou s’adresseront comme Villon dans « La Ballade des Pendus » à ceux
qui restent.
Jacques Higelin trouvera même cette formule insurpassable :
« Je suis mort. Qui dit mieux ? »
Quant à Villon, je ne connais rien qui puisse égaler « Frères
humains, qui après nous vivez… » Adresse géniale de par son exposition
simple, universelle, intemporelle… Mais je reviendrai plus tard et plus
amplement sur « La Ballade des pendus ».
Brassens et Ferré, eux,
sont revenus sur le thème au moins deux fois.
Ferré commence ainsi «Le Testament » :
« Avant de passer
l'arme à gauche
Avant que la faux ne me fauche
Tel jour, telle heure, en telle année
Sans fric, sans papier, sans notaire
Je te laisse ici l'inventaire
De ce que j'ai mis de côté : »
Avant que la faux ne me fauche
Tel jour, telle heure, en telle année
Sans fric, sans papier, sans notaire
Je te laisse ici l'inventaire
De ce que j'ai mis de côté : »
Plus tard, on retrouvera la
métrique et la « musique » de Villon dans « Le
Chien » dont l’écoute me scotcha instantanément :
« À mes compaings du
pain rassis
À mes frangins de l´entre bise
À ceux qui gerçaient leur chemise
Au givre des pernods-minuit
A l´Araignée la toile au vent
A Biftec baron du homard
Et sa technique du caviar
Qui ressemblait à du hareng
A Bec d´Azur du pif comptant
Qui créchait côté de Sancerre… »
À mes frangins de l´entre bise
À ceux qui gerçaient leur chemise
Au givre des pernods-minuit
A l´Araignée la toile au vent
A Biftec baron du homard
Et sa technique du caviar
Qui ressemblait à du hareng
A Bec d´Azur du pif comptant
Qui créchait côté de Sancerre… »
Flamboyant jargon !
Images inédites !
Plus classique, mais tout
aussi fulgurant, Brassens attaque « Le Testament » par deux images
drôles, bonhommes ou pathétiques :
« Je serai triste comme
un saule
Quand le Dieu qui partout me suit
Me dira, la main sur l'épaule
« Va-t'en voir là-haut si j'y suis ! »
Alors, du ciel et de la terre
Il me faudra faire mon deuil
Est-il encor debout le chêne
Ou le sapin de mon cercueil ? »
Quand le Dieu qui partout me suit
Me dira, la main sur l'épaule
« Va-t'en voir là-haut si j'y suis ! »
Alors, du ciel et de la terre
Il me faudra faire mon deuil
Est-il encor debout le chêne
Ou le sapin de mon cercueil ? »
Il récidivera avec un autre
chef d’œuvre :
« La supplique pour
être enterré sur la plage de Sète » :
« Trempe dans l´encre
bleue du Golfe du Lion,
Trempe, trempe ta plume, à mon vieux tabellion,
Et de ta plus belle écriture,
Note ce qu´il faudra qu´il advint de mon corps,
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d´accord,
Que sur un seul point, la rupture. »
Trempe, trempe ta plume, à mon vieux tabellion,
Et de ta plus belle écriture,
Note ce qu´il faudra qu´il advint de mon corps,
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d´accord,
Que sur un seul point, la rupture. »
Evidemment, le contexte
morbide de telles situations amenant une certaine solennité, toute image incongrue, surprenante, déconnante trouve
une caisse de résonance terrible et provoque le fou rire comme on n’en connaît
qu’aux enterrements.
Je me souviens du film
« 37°2 le matin » dans lequel Gérard Darmon se voit contraint de
mettre une cravate pour se rendre à l’enterrement de sa mère.
Le hic, c’est qu’il n’en a
qu’une (de cravate !).
C’est ainsi que pendant
toute la cérémonie il arbore une magnifique cravate sur laquelle se prélasse
une non moins magnifique… femme à poil.
Mais revenons à Villon et à
mon « Codicille » pour lequel Malto à trouver une mélodie pleine de
simplicité, dé ambulante et qui ne vous désertera plus jamais les boyaux de la
tête quand vous l’aurez entendue. D’autant plus que Daraquy, Bezert et
Garrigou, « aèrent » un peu cette chanson assez dense en sifflotant
un pont musical imparable !
J’ai voulu, moi aussi, essayer de suivre les traces laissées par
les pieds de maître François.
Je vous livre donc le
début du « Codicille ».
LE CODICILLE
(Joblin / Malto)
« Premièrement, au nom du
Père
Du fils et puis du
Saint-Esprit
Ainsi que de sa glorieuse
Mère
Qui chacun sauv’ du feu
d’enfer,
Je lègue à mes derniers amis
Comme aux putains de la
mi-nuit
Mon cœur qui ne bat plus sa
chanson
Tant fut crevé, tant fut
banni.
Ma mie l’a pris pour
paillasson. »
Je commence par une formule
assez courante et qui me permet de paraphraser cet extrait du
« Lais » (ou « Petit
Testament ») :
« Premierement, au nom du
Père
du Filz et du Saint-Esperit,
Et de sa glorïeuse mère
Par qui grace riens ne perit
»
Puis j’ai voulu retranscrire
le discours d’un Villon poignant et esseulé. Il continue de se plaindre de ses
déboires amoureux avec, comme souvent, l’évocation d’une image grossière « un
paillasson » pour marquer le contraste
avec son cœur pur.
Poursuivons…
« A cell’ qu’on nomm’ la
Gross’ Margot,
En souvenir de nous, je
laisse
Un troupeau de bêtes à deux
dos
Ell’s s’en iront toutes à
confesse
À l’enseigne de la bonne
ogresse.
Margot y f’ra cracher
Ferr’bouc
D’un tour de main, d’une
caresse,
Tant la paillarde sait
traire le bouc. »
La Grosse Margot est un
personnage mythique de l’œuvre de Villon.
Celui-ci dans la ballade
qu’il lui consacra se présente comme son souteneur.
Il la refourgue aux clients
avant de se laisser chevaucher par la grosse.
Puis tous deux s’endorment
« ivres comme un sabot » après que la doulce créature lui ait lâché
une énorme caisse…
Certains historiens
s’interrogent à propos de cette Margot.
S’agit-il véritablement d’un
prostituée, de son enseigne ou d’un personnage fictif ?
Chacun se fera son opinion.
Toujours est-il que François
lui lègue malicieusement un
« troupeau de bêtes à deux
dos » c’est-à-dire de nombreux clients accouplés aux autres filles du
bordel.
Tout ce joli monde ira à con
et à fesse et je le crains, sans le moindre sentiment de contrition.
Qualifier Margot d’ogresse
indique qu’elle ne doit pas exactement ressembler aux dames de cœur qui
minaudent dans les romans courtois.
C’est sûr, on est loin de la
« Ballade pour un gentilhomme nouvellement marié » ou de
celle du « Concours de Blois ».
On admirera d’autant plus le
professionnalisme de la « grosse » puisqu’elle peut traire un bouc en moins de
deux.
Quant à faire cracher le
gros Ferrebouc, c’est quasiment admirable, bien qu’il soit douteux que ce
prêtre, licencié en droit canonique, avocat et notaire ait eu le goût de la
tringle en boxon.
Il avait de quoi se payer
des fillettes de première fraîcheur puisqu’il disposait d’une importante
fortune et de biens immobiliers.
Margot serait donc bien
chanceuse de pouvoir faire cracher son oseille à ce notable.
Voilà la tonalité de la
chose…
La suite, vous pourrez la
lire dans « François Villon, corps à cœur » et écouter
l’interprétation qu’en donne Bruno Daraquy.
Mais pour ça, il faut que
nous concrétisions le financement sur http://fr.ulule.com/francois-villon/
Allez…
Tendez-moi le poignet… et dites 33 !
33
comme les 33 jours qui restent pour couronner des lauriers du succès notre
opération Ulule !
Vous
êtes en pleine forme et il n’est point temps pour vous de rédiger testament et
codicille…Alors venez nous rejoindre sur Ulule comme les premiers souscripteurs
à qui j’adresse 1000 « Merci ! »
D’un point de vue « stratégique », la production du
disque est très importante car elle va nous permettre de toucher certaines «
grosses » antennes de radio et de présenter l’ouvrage dans les festivals
et lieux de spectacle en plus des salons du livre « classiques ».
C’est une vraie et belle aventure que je voulais voir se
concrétiser depuis longtemps. Elle n’a jamais été si près d’aboutir grâce
aux talents conjugués des souscripteurs, de Yil, de Malto, du grand Bruno
Daraquy et de ses musiciens : Laurent Bézert et Thomas Garrigou !
Vous pourrez suivre la progression de l’ouvrage mais aussi trouver
des extraits du livre et des documents sur le Paris de Villon sur :
Vous pouvez lire l’article que Michel Kemper consacra
au spectacle « Frères humains, 17 chansons autour de François Villon,
ici : http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2012/04/29/bruno-daraquy-pcc-francois-villon/
![]() |
Je suis parvenu à échapper à
l’arrière-arrière-arrière-arrière-arrière petite fille de la Grosse Margot !… Mais pour combien de temps encore ?… On devrait jamais aller à Montluçon ! |
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