dimanche 25 septembre 2016

33 JOURS POUR FRANÇOIS VILLON « … Et dans l’odeur des fleurs qui bientôt s’éteindra...»

33 JOURS POUR FRANÇOIS VILLON
« … Et dans l’odeur des fleurs qui bientôt s’éteindra
Je sais que j’aurai peur une dernière fois. »
                                         Jacques Brel (« Le Dernier Repas »)

financement participatif sur http://fr.ulule.com/francois-villon/

33 jours !… 33 jours encore  et nous venons de dépasser la moitié de la somme à réunir.
Ça monte… Ça monte…
Comme disait la môman de Napoléon : « Pourvou qué ça doure ! »
Je suis sûr que si elle était encore de ce monde, elle favoriserait les belles initiatives en se rendant sur
http://fr.ulule.com/francois-villon/
Celui qui va passer de vie à trépas se doit de prendre des dispositions testamentaires.
Il peut même, s’il en a le temps, envisager de terminer sur un bon mot.
Rien de tel pour épater la galerie une dernière fois que d’afficher son dandysme et sa désinvolture face au néant.
Victor Hugo a dit en toute modestie : « Il est grand temps que je désemplisse le monde ! »
Le bon mot peut parfois laisser place à un geste très… british, et – ne reculons pas devant le néologisme- très « beatlessien » ! comme celui de ce condamné à mort  qui  pendant la Révolution, se trouvait acheminé en charrette vers la guillotine sans interrompre la lecture de son livre et sans plus se soucier de la foule qui l’entourait.
Quand il monta à l’échafaud, avant de refermer l’ouvrage et de le tendre au bourreau, il ne manqua de placer le signet entre les pages où il avait du interrompre sa lecture. (… ! …)
Bref, cette situation vraiment exceptionnelle qui marque la fin de vie de tout un chacun ne pouvait que nourrir l’art poétique et la chanson puisqu’il s’agit d’être bon et définitif !
Ainsi trouve-t-on beaucoup de très grandes chansons :
Trenet (« La Folle Complainte ») , Brassens (« Le Testament », « Supplique pour être enterré sur la plage de Sète », Brel (« Le Dernier Repas », « Le Moribond », « Vieillir »), Ferré (« Le Testament », « Le Chien »), Barbara (« Y’aura du monde »), Nougaro (« Berceuse à Pépé »), Gainsbourg (« Hey man, amen »), Véronique Sanson (« Ma Révérence » ), Françoise Hardy (« Tant de belles choses ») …
Tous écriront  un testament ou s’adresseront comme Villon dans « La Ballade des Pendus » à ceux qui restent.
Jacques Higelin trouvera même cette formule insurpassable :
« Je suis mort. Qui dit mieux ? »
Quant à Villon, je ne connais rien qui puisse égaler « Frères humains, qui après nous vivez… » Adresse géniale de par son exposition simple, universelle, intemporelle… Mais je reviendrai plus tard et plus amplement sur « La Ballade des pendus ».

Brassens et Ferré, eux,  sont revenus sur le thème au moins deux fois.
Ferré commence ainsi «Le Testament » :

« Avant de passer l'arme à gauche
Avant que la faux ne me fauche
Tel jour, telle heure, en telle année
Sans fric, sans papier, sans notaire
Je te laisse ici l'inventaire
De ce que j'ai mis de côté : »

Plus tard, on retrouvera la métrique et la « musique » de Villon  dans « Le Chien » dont l’écoute me scotcha instantanément :

« À mes compaings du pain rassis
À mes frangins de l´entre bise
À ceux qui gerçaient leur chemise
Au givre des pernods-minuit

A l´Araignée la toile au vent
A Biftec baron du homard
Et sa technique du caviar
Qui ressemblait à du hareng
A Bec d´Azur du pif comptant
Qui créchait côté de Sancerre… »

Flamboyant jargon ! Images inédites !

Plus classique, mais tout aussi fulgurant, Brassens attaque « Le Testament » par deux images drôles, bonhommes ou pathétiques :

« Je serai triste comme un saule
Quand le Dieu qui partout me suit
Me dira, la main sur l'épaule
« Va-t'en voir là-haut si j'y suis ! »
Alors, du ciel et de la terre
Il me faudra faire mon deuil
Est-il encor debout le chêne
Ou le sapin de mon cercueil ? »

Il récidivera avec un autre chef d’œuvre :
« La supplique pour être enterré sur la plage de Sète » :

« Trempe dans l´encre bleue du Golfe du Lion,
Trempe, trempe ta plume, à mon vieux tabellion,
Et de ta plus belle écriture,
Note ce qu´il faudra qu´il advint de mon corps,
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d´accord,
Que sur un seul point, la rupture. »

Evidemment, le contexte morbide de telles situations amenant une certaine solennité, toute image  incongrue, surprenante, déconnante trouve une caisse de résonance terrible et provoque le fou rire comme on n’en connaît qu’aux enterrements.
Je me souviens du film « 37°2 le matin » dans lequel Gérard Darmon se voit contraint de mettre une cravate pour se rendre à l’enterrement de sa mère.
Le hic, c’est qu’il n’en a qu’une (de cravate !).
C’est ainsi que pendant toute la cérémonie il arbore une magnifique cravate sur laquelle se prélasse une non moins magnifique… femme à poil.

Mais revenons à Villon et à mon « Codicille » pour lequel Malto à trouver une mélodie pleine de simplicité, dé ambulante et qui ne vous désertera plus jamais les boyaux de la tête quand vous l’aurez entendue. D’autant plus que Daraquy, Bezert et Garrigou, « aèrent » un peu cette chanson assez dense en sifflotant un pont musical imparable !

J’ai voulu, moi aussi, essayer de suivre les traces laissées par les pieds de maître François.
Je vous livre donc le début du « Codicille ». 

LE CODICILLE
(Joblin / Malto)
« Premièrement, au nom du Père
Du fils et puis du Saint-Esprit
Ainsi que de sa glorieuse Mère
Qui chacun sauv’ du feu d’enfer,
Je lègue à mes derniers amis
Comme aux putains de la mi-nuit
Mon cœur qui ne bat plus sa chanson
Tant fut crevé, tant fut banni.
Ma mie l’a pris pour paillasson. »

Je commence par une formule assez courante et qui me permet de paraphraser cet extrait du
« Lais » (ou « Petit Testament ») :
« Premierement, au nom du Père
du Filz et du Saint-Esperit,
Et de sa glorïeuse mère
Par qui grace riens ne perit »
Puis j’ai voulu retranscrire le discours d’un Villon poignant et esseulé. Il continue de se plaindre de ses déboires amoureux avec, comme souvent, l’évocation d’une image grossière « un paillasson »  pour marquer le contraste avec son cœur pur.
Poursuivons…
« A cell’ qu’on nomm’ la Gross’ Margot,
En souvenir de nous, je laisse
Un troupeau de bêtes à deux dos 
Ell’s s’en iront toutes à confesse
À l’enseigne de la bonne ogresse.
Margot y f’ra cracher Ferr’bouc
D’un tour de main, d’une caresse,
Tant la paillarde sait traire le bouc. »

La Grosse Margot est un personnage mythique de l’œuvre de Villon.
Celui-ci dans la ballade qu’il lui consacra se présente comme son souteneur.
Il la refourgue aux clients avant de se laisser chevaucher par la grosse.
Puis tous deux s’endorment « ivres comme un sabot » après que la doulce créature lui ait lâché une énorme caisse… 

Certains historiens s’interrogent à propos de cette Margot.
S’agit-il véritablement d’un prostituée, de son enseigne ou d’un personnage fictif ?
Chacun se fera son opinion.

Toujours est-il que François lui lègue malicieusement un
« troupeau de bêtes à deux dos » c’est-à-dire de nombreux clients accouplés aux autres filles du bordel.
Tout ce joli monde ira à con et à fesse et je le crains, sans le moindre sentiment de contrition.
Qualifier Margot d’ogresse indique qu’elle ne doit pas exactement ressembler aux dames de cœur qui minaudent dans les romans courtois.
C’est sûr, on est loin de la « Ballade pour un gentilhomme nouvellement marié » ou de celle du « Concours de Blois ».

On admirera d’autant plus le professionnalisme de la « grosse » puisqu’elle peut traire un bouc en moins de deux.
Quant à faire cracher le gros Ferrebouc, c’est quasiment admirable, bien qu’il soit douteux que ce prêtre, licencié en droit canonique, avocat et notaire ait eu le goût de la tringle en boxon.
Il avait de quoi se payer des fillettes de première fraîcheur puisqu’il disposait d’une importante fortune et de biens immobiliers.
Margot serait donc bien chanceuse de pouvoir faire cracher son oseille à ce notable.

Voilà la tonalité de la chose…
La suite, vous pourrez la lire dans « François Villon, corps à cœur » et écouter l’interprétation qu’en donne Bruno Daraquy.
Mais pour ça, il faut que nous concrétisions le financement sur http://fr.ulule.com/francois-villon/
Allez… Tendez-moi le poignet… et dites 33 !
33 comme les 33 jours qui restent pour couronner des lauriers du succès notre opération Ulule !
Vous êtes en pleine forme et il n’est point temps pour vous de rédiger testament et codicille…Alors venez nous rejoindre sur Ulule comme les premiers souscripteurs à qui j’adresse 1000 « Merci ! » 

D’un point de vue « stratégique », la production du disque est très importante car elle va nous permettre de toucher certaines « grosses » antennes de radio et de présenter l’ouvrage dans les festivals et lieux de spectacle en plus des salons du livre « classiques ».
C’est une vraie et belle aventure que je voulais voir se concrétiser depuis longtemps. Elle n’a jamais été si près d’aboutir grâce aux talents conjugués des souscripteurs, de Yil, de Malto, du grand Bruno Daraquy et de ses musiciens : Laurent Bézert et Thomas Garrigou !
                       
 Vous pourrez suivre la progression de l’ouvrage mais aussi trouver des extraits du livre et des documents sur le Paris de Villon sur :

 Vous pouvez lire l’article que Michel Kemper consacra au spectacle « Frères humains, 17 chansons autour de François Villon, ici : http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2012/04/29/bruno-daraquy-pcc-francois-villon/




Bruno Daraquy en enregistrement… 
à l’époque où cette photo a été prise c’était pour 
« Ding Din’gueu-diding-dingue-dong ! » L’hymne des moines bibinictins 
de « La Légende Dorée »
La musique est de Sylvain Durand « de l’Opéra de Paris », s’il vous plait !… 
et véritable Frère Boulu dans la vraie vie.
 Malto réalisera même un remix de la chose avec votre serviteur 
qui y fait la voix du Diable !
Et les deux titres figureront sur un CD de com édité par Glénat  
avec le clip réalisé par Jean-Luc Muller 
annonçant la sortie de l’album dessiné par Olivier Le Discot :

Je suis parvenu à échapper à l’arrière-arrière-arrière-arrière-arrière
petite fille de la Grosse Margot !…
Mais pour combien de temps encore ?…
On devrait jamais aller à Montluçon !

 
 





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire