vendredi 31 mars 2023

 

GASTON COUTÉ… C’EST LA FAUTE À MEULIEN ! C’EST LA FAUTE À PIERRON !

Dans « Chansons à voir » (éd Yil)  le livre que j’ai sorti avec mes copains de l’association « Les Arts », j’évoque comment j’ai découvert la poésie de Gaston Couté que j’eus très vite envie d’adapter en BD.



« La poésie de Gaston Couté me sauta aux oreilles en 1979 à la faveur d’un des rares passages de Gérard Pierron à la télévision et elle me sauta aux yeux avec l’incarnation que Bernard Meulien fit du poète dans le téléfilm de Philippe Pilard « La belle époque de Gaston Couté ». Je devais avoir la joie de rencontrer Bernard quelque 40 ans plus tard, peu avant sa disparition, quand, avec Bruno Daraquy (autre interprète de Couté), nous fûmes conviés en 2018 à participer aux « Journées Gaston Couté » de Meung-sur-Loire pour y présenter le spectacle « François Villon, corps à cœur ». (livre-CD Joblin – Malto – Daraquy - éd Yil)




Meung-sur-Loire est le cœur d’une sorte de triangle des bermudes de la Poésie.

Au 13ème siècle, Jean de Meung y a composé les vers empreints d’amour courtois du « Roman de la Rose ». Au 15ème siècle, François Villlon y fera un séjour dans les geôles du château de l’évêque d’Orléans. Et, à la fin du 19ème siècle, Gaston Couté naîtra à 4 km de Meung, à Beaugency dont il fréquentera l’école avant de s’élancer vers les cabarets de Montmartre. Sur la Butte, il côtoiera la bohème avec Picasso, Kupka, Jehan Rictus, Mac Orlan, Carco... La poésie de Couté découle de celle de Villon et annonce Brassens. Comme Brassens, Couté fera partie des milieux anarchistes et collaborera à divers journaux comme « La guerre sociale ». Il publiera de nombreux textes fustigeant le patriotardisme qui annonçait la grande boucherie de 14-18.



Les interprètes de Gaston Couté sont innombrables, de Piaf à Hélène Maurice en passant par Bernard Lavilliers. Gérard Pierron demeure celui qui a le mieux restitué la révolte, l’amour, la fraternité, l’anticonformisme et la fantaisie qui caractérisent les textes de Couté. Sa voix pleine de sincérité et ses musiques tour à tour mélancoliques ou enlevées ont insufflé une vie nouvelle à l’œuvre du « gâs qu’a mal tourné ». Si j’aime « Les mangeux d’ terre », « Saoul mais logique » ma chanson préférée reste « La Toinon ».

Du temps du Gaston, certaines filles de la campagne montaient à Paris pour se caser comme employées de maison. Elles se retrouvaient parfois à faire les pierreuses pour un mac avant de finir dans les maisons d’abattage. Les plus malignes, les plus débrouillardes, parvenaient à s’élever au rang des demi-mondaines comme on disait alors. Danseuses, comédiennes, artistes lyriques, elles passaient du palais factice d’un mamamouchi de pacotille à la tour d’ivoire d’un vrai grand-duc.                          C 'était l’époque de la Belle Otero. Et voilà comment les grisettes abandonnaient leurs chambrettes sordides pour se faire bâtir des hôtels particuliers.


" Paraît qu’ la Toinon qu’ est parti’ coumm’ bonne 

Pour aller servir chez des gens d'Paris 

S'appelle à présent Mame la Baronne ; 

                                                     Moué, je suis resté bêt'ment au pays..."                                                                             

 

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