GASTON COUTÉ… C’EST LA FAUTE À MEULIEN ! C’EST LA FAUTE
À PIERRON !
Dans « Chansons à voir » (éd Yil) le livre que j’ai sorti avec mes copains de
l’association « Les Arts », j’évoque comment j’ai découvert la poésie
de Gaston Couté que j’eus très vite envie d’adapter en BD.
« La poésie de Gaston Couté me sauta aux oreilles en
1979 à la faveur d’un des rares passages de Gérard Pierron à la télévision et
elle me sauta aux yeux avec l’incarnation que Bernard Meulien fit du poète dans
le téléfilm de Philippe Pilard « La belle époque de Gaston Couté ». Je devais
avoir la joie de rencontrer Bernard quelque 40 ans plus tard, peu avant sa
disparition, quand, avec Bruno Daraquy (autre interprète de Couté), nous fûmes
conviés en 2018 à participer aux « Journées Gaston Couté » de Meung-sur-Loire
pour y présenter le spectacle « François Villon, corps à cœur ». (livre-CD
Joblin – Malto – Daraquy - éd Yil)
Meung-sur-Loire est le cœur d’une sorte de triangle des
bermudes de la Poésie.
Au 13ème siècle, Jean de Meung y a composé les vers
empreints d’amour courtois du « Roman de la Rose ». Au 15ème siècle, François
Villlon y fera un séjour dans les geôles du château de l’évêque d’Orléans. Et,
à la fin du 19ème siècle, Gaston Couté naîtra à 4 km de Meung, à Beaugency dont
il fréquentera l’école avant de s’élancer vers les cabarets de Montmartre. Sur
la Butte, il côtoiera la bohème avec Picasso, Kupka, Jehan Rictus, Mac Orlan,
Carco... La poésie de Couté découle de celle de Villon et annonce Brassens. Comme
Brassens, Couté fera partie des milieux anarchistes et collaborera à divers
journaux comme « La guerre sociale ». Il publiera de nombreux textes fustigeant
le patriotardisme qui annonçait la grande boucherie de 14-18.
Les interprètes de Gaston Couté sont innombrables, de Piaf à
Hélène Maurice en passant par Bernard Lavilliers. Gérard Pierron demeure celui
qui a le mieux restitué la révolte, l’amour, la fraternité, l’anticonformisme
et la fantaisie qui caractérisent les textes de Couté. Sa voix pleine de
sincérité et ses musiques tour à tour mélancoliques ou enlevées ont insufflé
une vie nouvelle à l’œuvre du « gâs qu’a mal tourné ». Si j’aime « Les mangeux
d’ terre », « Saoul mais logique » ma chanson préférée reste « La Toinon ».
Du temps du Gaston, certaines filles de la campagne
montaient à Paris pour se caser comme employées de maison. Elles se
retrouvaient parfois à faire les pierreuses pour un mac avant de finir dans les
maisons d’abattage. Les plus malignes, les plus débrouillardes, parvenaient à
s’élever au rang des demi-mondaines comme on disait alors. Danseuses,
comédiennes, artistes lyriques, elles passaient du palais factice d’un
mamamouchi de pacotille à la tour d’ivoire d’un vrai grand-duc. C 'était l’époque de
la Belle Otero. Et voilà comment les grisettes abandonnaient leurs chambrettes
sordides pour se faire bâtir des hôtels particuliers.
" Paraît qu’ la Toinon qu’ est parti’ coumm’ bonne
Pour aller servir chez des gens d'Paris
S'appelle à présent Mame la Baronne ;
Moué, je suis resté bêt'ment au pays..."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire